Cancers : les évolutions épidémiologiques moins favorables chez les femmes

02/07/2019 Par Marielle Ammouche
Cancérologie
Le cancer a été à l’origine de 382 000 nouveaux cas en 2018 (54 % d’hommes et 46 % de femmes) ; et a causé 157 400 décès (57 % d’hommes, 43 % de femmes). Ces données sont issues d’un rapport rendu public le 2 juillet, fruit d’un partenariat entre Santé publique France, l’Institut national du cancer, le réseau des registres des cancers Francim et le service de biostatistique-bioinformatique des Hospices civils de Lyon (HCL), et qui est actualisé tous les cinq ans. Les outils qui ont été mis en place pour ce travail sont de plus en plus performants.

  "Pour la première fois, 74 types et sous-types de cancers et des tendances par âge ont été étudiés. Le rapport "Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018" offre une finesse d’interprétation venant renforcer considérablement la connaissance épidémiologique de ces pathologies" précise ainsi un communiqué commun des organismes qui ont mené ce travail. Sur 74 localisations étudiés (au lieu de 34 précédemment), 27 sont des tumeurs solides, 22 des sous-types, 27 des entités d’hémopathies malignes, et une entité "tous cancers". Les nouveaux chiffres mettent en avant un resserrement de l’écart entre hommes et femmes, au dépend de ces dernières. Ainsi, si l’incidence de l’ensemble des cancers apparait stable chez l’homme (+0,1 % par an), elle est en hausse chez la femme de 1,1 % par an.  Et concernant la mortalité, elle baisse de façon plus marquée chez l’homme (-1,8 %) contre -0,8 % chez la femme. Le cancer du poumon à la hausse chez les femmes C’est le cancer du poumon qui enregistre les plus mauvaises évolutions chez la femme, avec +5,3 % par an en moyenne de hausse pour l’incidence, et +3,5 % pour la mortalité. On observe en outre des différences par sous-types. L’incidence des adénocarcinomes progresse (de 3,9 % par an), tandis que celles des carcinomes épidermoïdes et des cancers à petites cellules diminuent (respectivement -2,9 % et -0,9 % par an). "Ces tendances différentes pourraient s’expliquer par la modification de la structure (introduction des filtres responsable d’une inhalation plus profonde) et de la composition des cigarettes (augmentation de la concentration en nitrosamines)", expliquent les auteurs dans leur communiqué. Autres cancers dont l’évolution est inquiétante : celui du pancréas (incidence en hausse de +2,7 % par an chez l’homme et de +3,8 % chez la femme, associée à une augmentation de la mortalité chez la femme), du foie (incidence en hausse de + 1,6 % et +3,5 %), ainsi que du rein (+ 1,7 % et + 3,5 % d'incidence), et le mélanome (+4 % et +2,7 % d'incidence, avec une stagnation de la mortalité dans les deux sexes). Quelques cancers en diminution En revanche, les tendances apparaissent plus favorables pour le cancer du sein, avec une mortalité en constante diminution malgré une incidence en hausse. Il reste le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez les femmes, avec près de 59 000 nouveaux cas et un peu plus de 12 000 décès annuels. Les évolutions épidémiologiques sont favorables aussi pour le cancer colorectal, de la prostate, et celui du col de l’utérus. Enfin, l’incidence des hémopathies malignes est en augmentation dans les deux sexes, et pour quasiment tous les sous-types ; et les causes de cet accroissement ne sont pas clairement élucidées. En 2018, 45 000 cas ont été recensées, dont la moitié est constituée par le myélome multiple/plasmocytome (5240 cas par an), le lymphome diffus à grandes cellules B (5070 cas), les syndromes myélodysplasiques (4740 cas), la leucémie lymphoïde chronique/lymphome lymphocytique (4670 cas) et la leucémie aiguë myéloïde (3428 cas). Et on relève des "signaux positifs" concernant certains cancers fortement liés à l'alcool et au tabac (lèvre-bouche-pharynx, larynx, œsophage).

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