Maïs OGM et cancer : aucun lien, selon une étude européenne

05/07/2018 Par Marielle Ammouche
Cancérologie

En 2012, l’étude du professeur caennais Gilles-Eric Séralini sur le lien entre maïs OGM et cancer avait fait grand bruit. On se souvient de ces photos de rats présentant d’énormes et multiples tumeurs. Elles semblaient prouver l’effet carcinogène rapide du maïs NK603 et du Round-up.

Les réactions n’avaient cependant pas tardé à se faire entendre. Et le 22 octobre de la même année, l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail (Anses), et le Haut conseil des biothechnologies (HCB) ont rendu les conclusions de leur évaluation respective sur cette étude soulignant ses faiblesses méthodologiques "rédhibitoires", et affirmant que les données de cette publication ne permettaient pas d’établir scientifiquement un lien de cause à effet entre la consommation du maïs OGM et/ou de pesticide et les pathologies constatées, ni d’étayer les conclusions et les mécanismes d’action avancés par les auteurs. En particulier le Pr Séralini avait effectué son étude sur un effectif très réduit de rats (seulement 10 par groupe testé), et avait "utilisé une lignée de rats connue pour développer naturellement énormément de tumeurs. Plus de la moitié des animaux de cette espèces ont un cancer avant leur deuxième année" commente dans le Pr Berard Salles (Institut national de la recherche agronomique, Inra)   Les deux instances avaient cependant souligné la quasi absence d’étude de ce type permettant d’évaluer la toxicité à long terme des OGM. C’est dans ce contexte qu’a été mis en place le projet européen "G-TwYST" (pour "Genetically modified plants two year safety testing", en 2014. Les auteurs ont utilisé le même maïs que celui de l’étude du Pr Séralini, le NK603. Trois groupes de rats ont été constitués : ceux nourris au NK603, résistant au glyphosate (Round up) ; ceux nourris avec du NK603 traité par glyphosate, et un groupe contrôle consommant du maïs non modifié. L’étude a été réalisé selon les normes internationales avec un nombre important d’animaux (50 de chaque sexe par régime). Les résultats sont rassurants, à l’opposé de ceux du Pr Séralini : "les chercheurs n'ont pas trouvé, au bout de deux ans, une augmentation du nombre de tumeurs chez les rats qui avaient été nourris avec du maïs OGM", assure Bernard Salles, coordinateur de l’étude, au micro d'Europe 1. L’étude ne montre pas non plus de toxicité sur la fonction immunitaire. Les chercheurs concluent que cette étude ne permet pas d’identifier de risque pour les humains ou les animaux à la consommation de maïs OGM. Dans un article de L’OBS, le Pr Séralini conteste cette étude, qui, selon lui ne remet pas en cause les conclusions de son étude. Pour lui, G-TwYST utilise des souches de rats Wistar, "qui ne sont pas de la même souche que ceux employés pour notre étude de 2012. Les nôtres étaient des Sprague-Dawleys. […] On ne peut pas prétendre comparer ce qui n’est pas comparable".

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