Maladie de Lyme : l’Académie très critique vis-à-vis des recommandations de la HAS
L’Académie nationale de médecine a réagi vivement à la publication des "recommandations de bonne pratique pour les maladies transmissibles par les tiques", qui viennent d’être rendues publiques par la Haute Autorité de santé (HAS). Elle dénonce, en particulier, un texte qui veut "contenter tout le monde", mais en réalité "ne satisfait personne", en particulier sur la question de l’existence d’une maladie de Lyme chronique.
L’Institution avait déjà, dans un précédent communiqué (26 octobre 2017), «solennellement mis en garde les pouvoirs publics, contre la tentation de céder au chantage de groupes de pression en s'écartant des données de la science et condamnait fermement les campagnes de désinformation menées par les prosélytes des doctrines d'une association américaine, l'Ilads (International Lyme and Associated Diseases Society)". Elle dénonçait "des assertions empiriques dénuées de toute base scientifique comme l'existence de la maladie de Lyme chronique, l'attribution de nombreux symptômes polymorphes mal définis et subjectifs à cette infection, l'efficacité revendiquée de traitements prolongés associant des antibiotiques et divers médicaments".
Profonde déception
Aujourd’hui, l'Académie de Médecine se dit souhaite "réagir vivement et exprimer clairement sa profonde déception". Elle souligne que le groupe de travail qui a rédigé les recommandations était composé, non seulement de représentants de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF), de différentes disciplines médicales, mais aussi "d'associations militantes regroupées dans la Fédération Française contre les Maladies Vectorielles à Tiques et acquises aux théories de l'Ilads". Elle critique l'ambiguïté du document concernant la notion de Lyme chronique, du fait de l’identification de la nouvelle entité appelée "symptomatologie / syndrome persistant(e) polymorphe après piqûre de tique ou Sppt". Pour l’Académie, "l'HAS reconnaît de fait implicitement l'existence d'une telle pathologie sans la moindre preuve avec, pour conséquence, des propositions de prise en charge lourde impliquant des investigations nombreuses, couteuses et souvent inutiles". Elle émet aussi "fermement ses plus extrêmes réserves" vis-à-vis de la création des "centres spécialisés des maladies vectorielles à tiques", qu’elle considère comme "une proposition dispendieuse qui tend à désavouer l'expertise des services de maladies infectieuses et tropicales existants".
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