Asco 2018 : la chimiothérapie serait inutile dans de nombreux cancers du sein
De nouvelles données susceptibles de bouleverser la prise en charge des cancers du sein hormonodépendants viennent d’être présentées au congrès de l’American Society of Clinical Oncology (Asco), grand messe mondiale de la cancérologie, qui se tient à Chicago (1-5 juin 2018).
Une vaste étude, nommée Tailor X (pour Trial Assigning Individualized Options for Treatment), met en effet en évidence que l’ajout d’une chimiothérapie adjuvante à l’hormonothérapie pourrait être inutile dans une proportion importante de cas. Cette étude est basée sur l’utilisation du test Oncotype DX, proposé aux Etats-Unis depuis 2004, l’un des quatre tests de signatures génomiques qui existent actuellement (les autres étant MammaPrint, Pam50-Prosigna, et Endopredict). Il évalue, par analyse de 21 gènes tumoraux, la probabilité de récurrence à 10 ans, en donnant un score entre 0 et 100. Jusqu’à présent il était considéré qu’en cas de score au-delà de 25, le risque de récidive était élevé et nécessitait l’ajout d’une chimiothérapie ; mais que la patiente en était dispensée si le score était situé entre 0 et 10, ce qui signifiait un pronostic favorable avec un taux de récurrence faible (2%). Cependant entre 11 et 25, on se trouvait dans une zone dite "grise", pour laquelle le meilleur traitement restait incertain. C’est donc pour combler cette lacune qu’a été mis en place cette étude dont l’objectif était de déterminer l’intérêt d’ajouter la chimiothérapie à l’hormonothérapie, sur la survenue de récidive, de métastases, ainsi que sur la survie globale. Au total 10 273 femmes présentant un cancer du sein hormonodépendant ont été inclus dans cette étude prospective, dont 9 719 présentaient l’ensemble des critères d’éligibilité. Parmi elles, 6 711 (69%) avait un score Oncotype compris entre 11 et 25. Elles ont donc été randomisées pour recevoir soit l’association chimio-hormonothérapie, soit l’hormonothérapie seule. Les résultats ont montré, au terme des 9 années de l’étude, que l’hormonothérapie seule était non inférieure à la combinaison chimio-hormonothérapie, à la fois sur le taux de récidive de la maladie (83,3% contre 84,3%), sur le taux d’apparition de métastases (94,5% contre 95%), et sur le taux global de survie (93,9% contre 93,8%). Le seul sous-groupe pour lequel l’adjonction de chimiothérapie apportait un bénéfice était celui des femmes de 50 ans ou moins, ayant un score de récurrence compris entre 16 et 25 (ce qui représentait 46% des femmes de ce groupe d’âge). Pour les auteurs, ceci pourrait être en partie expliqué par l’effet anti-estrogénique associé à la ménopause précoce induite par la chimiothérapie. Au total, la chimiothérapie ne serait pas utile chez l’ensemble des femmes de plus de 50 ans ayant un score entre 0 et 25, ce qui représente 85% des patients de cette tranche d’âge ; et chez celles de moins de 50 ans ayant un score compris en 0 et 15, soit 40% des cas de cette tranche d’âge. Cela "aura un impact énorme sur les médecins et les patients", affirme une coauteure de l'étude, Kathy Albain, cancérologue à l'hôpital Loyola Medicine de Chicago. "Nous allons faire reculer les thérapies toxiques". Rien qu'aux Etats-Unis, 65 000 femmes pourraient en profiter par an. "Toute femme de moins de 75 ans avec un cancer du sein de stade initial doit faire le test et parler des résultats", avec son médecin, ajoute l'auteur principal, le Dr Joseph Sparano, du centre médical Montefiore Medical à New York.
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