Evaluation des pratiques : peut mieux faire pour l’hémodialyse et la chirurgie de l’obésité

20/12/2017 Par Marielle Ammouche
Santé publique

La Haute Autorité de Santé (HAS) a pour mission, entre autres, d’évaluer la qualité et la sécurité des soins dans les hôpitaux. Dans ce cadre, elle vient de publier les résultats des indicateurs concernant 4 prises en charge : l’AVC, l’hémorragie post-partum, l’hémodialyse et la chirurgie de l’obésité. Il en ressort que, au regard des recommandations, "l’hémorragie du post-partum et l’hémodialyse sont de mieux en mieux prises en charge, et que l’accident vasculaire cérébral (AVC) et la chirurgie de l’obésité nécessitent encore des efforts soutenus" affirme la HAS.

  Ainsi la prise en charge de l’hémorragie du post-partum a attiré l’attention des experts car il existe de fortes disparités géographiques concernant la survenue de cette complication grave de l’accouchement. En effet, elle se produirait dans 5% des accouchements mais certaines maternités affichaient, jusqu’à peu, des taux à 19% en France. "En 2017, les résultats s’améliorent" constate la HAS. 9 femmes sur 10 ont bénéficié de mesures préventives (injection d’ocytocine et examen de l’état du placenta). Et "lorsque l’hémorragie se produit, les premières actions pour limiter les complications graves ont été réalisées pour 8 femmes sur 10 (note de l’heure de diagnostic qui conditionne la chronologie des actions à réaliser, quantification du saignement, geste endo-utérin)". Un bémol cependant concerne la surveillance. En effet, dans 3 cas sur 10, les femmes n’ont pas bénéficié dans les 2 heures après leur accouchement et avant la sortie de la salle de naissance, de mesures minimales (mesure du pouls et de la tension artérielle, évaluation de la qualité du globe utérin, évaluation des pertes sanguines au moins à 2 reprises, examen général final).    Pour l’hémodialyse, la prise en charge s’est beaucoup améliorée. Ainsi, 91% des patients ont bénéficié d’un bilan sanguin régulier pour vérifier qu’ils ne présentaient pas une anémie, 84% pour vérifier leurs éventuelles carences en fer et 93% d’une surveillance de leur statut nutritionnel. En outre, plus de 8 patients sur 10 ont eu au minimum 3 séances d’hémodialyse par semaine comme recommandé dans les bonnes pratiques ; et "ils sont le même nombre à avoir bénéficié d’une évaluation annuelle de la possibilité d’accès à la greffe d’un rein" ajoute la HAS. La prise en charge nutritionnelle doit cependant être améliorée car 40% des patients ne bénéficient toujours pas d’une consultation avec une diététicienne. En outre, les résultats mettent en évidence d’importantes disparités régionales : la Corse, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion présentent des résultats inférieurs, et parfois de beaucoup, à la moyenne nationale.    La HAS souligne par ailleurs le manque de réactivité dans la prise en charge de l’AVC. Ainsi, "alors qu’une prise en charge dans les toutes premières heures est cruciale, seul 1 patient sur 3 (32%) est arrivé à l’hôpital dans les 4 heures suivant son AVC en 2017". Et si la qualité de la prise en charge progresse, seuls 30% ont bénéficié d’une IRM ou d’un scanner cérébral dans les 30 premières minutes comme recommandé (56% dans l’heure). En revanche, le taux de thombolyse est parmi les plus élevé du monde : 27%. Et celui des thrombectomies est à 4%. Au total, "8 patients sur 10 bénéficient désormais d’une expertise neuro-vasculaire" ajoute la HAS. En revanche, le suivi des patients est moins bon : "seuls 65% ont bénéficié d’un dépistage des troubles de la déglutition avant une alimentation liquide ou solide. Et à peine plus d’un patient sur 2 (54%) s’est vu programmer une consultation post-AVC" déplore l’organisme sanitaire.     Enfin concernant la chirurgie de l’obésité, la HAS constate un manque de préparation en amont de cette intervention lourde, qui ne doit être effectuée qu’après échec des mesures hygiéno-diététiques et avec un accompagnement psychologique. Or "3 patients sur 10 n’ont pas bénéficié à la fois d'un bilan de leurs comorbidités, d'un bilan endoscopique et d'une évaluation psychologique, éléments minimaux indispensables pour s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indications métaboliques ou psychologiques" relève la HAS. En outre, une concertation pluriprofessionelle n’est présente que dans un cas sur 2.  De nouvelles données, plus complètes et comprenant également le suivi post-opératoire des patients opérés, devraient être publiées au printemps 2018.

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