Presqu’un an après, les voilà de retour devant les grilles du ministère de l’Enseignement supérieur pour obtenir gain de cause. L’été dernier, 42 étudiants en Pass de l’Université de Paris, tous dans le haut du tableau à l’issue des épreuves écrites de la première année d’études commune aux études de santé, ont finalement été recalés de médecine après avoir passé un oral. Le contenu de cette nouvelle épreuve - créée dans le cadre de la réforme de la Paces - ainsi que son déroulement ont été largement dénoncés par ces jeunes, qui ont décidé de porter l’affaire devant la justice.
Après plusieurs mois de procédures dont un passage devant le Conseil d’Etat, le tribunal administratif de Paris a finalement tranché en leur faveur, ordonnant à la faculté de médecine de les réintégrer en deuxième année dès la rentrée prochaine. Dans son verdict, le juge a en effet considéré qu’il y avait eu des irrégularités dans le déroulement des épreuves orales : le nombre de grands jurés, en mesure de délivrer les résultats, était inférieur au nombre total de jurys chargés d’évaluer les candidats. Une situation qui n’était ainsi pas conforme au cadre réglementaire.
Si le verdict était positif pour les étudiants, rien ne précisait en revanche comment l’Université de Paris devait les réintégrer. “Tant que ce n’est pas écrit et qu’on ne sera pas dans l’amphi le 1er septembre, on aura du mal à y croire”, confiait Antoine*, l’un des élèves concernés, à Egora, à l’issue de la procédure judiciaire. Ce mardi 24 mai, c’est avec la voix serrée qu’il explique avoir eu vent “d’échos très insistants” à propos de l’Université, qui songerait à refaire passer aux étudiants concernés leur oral plutôt que de les réintégrer automatiquement. “Je savais qu’on avait gagné, mais je sais aussi qui est l’Université de Paris. Ils se fichent totalement de notre victoire au procès”, dénonce-t-il.
Si rien n’est confirmé pour l’heure, les treize étudiants concernés n’ayant toujours pas reçu de convocation officielle, Antoine affirme que l’organisation d’une nouvelle épreuve orale “est quasi certaine”. Avec ses camarades d’infortune, il s’inquiète de cette possibilité, soulignant qu’elle pose “beaucoup de questions”. “Comment classe-t-on des étudiants sur 13 ? Comment sait-on si on va passer en médecine ? Comment sera-t-on formés à une nouvelle épreuve en moins de 15 jours, car les oraux sont prévus début juin ?”, énonce-t-il par exemple.
Il s’interroge aussi ce qu’il ce qu’il advient du numerus apertus dans ce cas de figure. “S’ils nous font repasser un oral, il y a deux options. Soit, c’est un oral via lequel ils nous éjectent tous officiellement de médecine. Soit c’est un oral qui tend vers l’objectivité, mais dans ce cas-là on craint de ne pas tous pouvoir aller en médecine”, résume tristement Antoine. Car si le numerus clausus a été supprimé dans la réforme du premier cycle des études de médecine (R1C), les facultés ont désormais un “numerus apertus” et des objectifs nationaux pluriannuels fixés sur cinq ans. “Ils pourraient éventuellement jouer là-dessus, mais il n’y a rien de concret.”
Tous confient d’ailleurs leur incompréhension, alors qu’un juge leur a donné raison “il y a moins de 15 jours”. Mais un autre point les agace… “Dans le cas où on recevrait bien nos convocations, cela voudrait dire que nous allons repasser un oral légal. Mais cela veut aussi dire, dans ce cas, qu’il y a des centaines de personnes l’année dernière dans notre promotion Pass qui ont passé un oral illégal alors qu’ils étaient classés derrière nous. Si on refait passer un oral, il faut le faire repasser à tout le monde. C’est pour cela d’ailleurs que nous ne l’avons jamais demandé !”, déplore le jeune homme.
Quoi qu’il en soit, comme il y a un an lorsqu’ils ont entamé une grève de la faim pour alerter le ministère sur leur situation impossible, les treize jeunes ont décidé de se réunir à nouveau au même endroit pour tenter de rencontrer la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau. “Nous, on est tenaces. On est devant le ministère pour être entendus par la nouvelle ministre. Et si on reçoit ces nouvelles convocations, on attaque directement en référé”, prévient Antoine. Déterminé à aller jusqu’au bout, il ne manque pas de pointer du doigt l’attitude “décevante” de l’Université de Paris, qui refuse aussi, selon lui, le contact avec leur avocat. “Cette décision serait risquée pour eux. Je rappelle qu’ils nous doivent déjà, à nous treize, 1.200 euros chacun. Notre avocat, qui connaît parfaitement le dossier, est sûr que l'on peut gagner à nouveau.”
Contactée, l’Université de Paris n’a toujours pas donné suite à nos sollicitations.
*Le prénom a été modifié.
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