PSA : « ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain » !

11/01/2017 Par Dr Alain Trébucq

Depuis quelques années, le dépistage du cancer de la prostate par dosages répétés du PSA a fait l’objet de nombreux débats et aux Etats-Unis comme en France, ce screening biologique n’est pas ou plus recommandé de façon systématique. Si bien que les demandes de dosage du PSA s’effondrent aux Etats-Unis, ce qui pourrait témoigner d’un important effet de balancier, avec passage brutal d’un excès à l’autre, la situation actuelle pouvant se caractériser par un recours insuffisant à ce dosage avec des conséquences dramatiques pour certains patients. Des auteurs américains (Harvard Medical School, Boston) publient dans le JCO les résultats d’une étude portant sur une population suivie depuis 1982. Cette population est celle d’une étude cas-contrôles, la Physicians’ Health Study, incluant 22.071 hommes de 40 à 59 ans, suivis durant 30 ans. Un dosage de PSA au moment de l’inclusion était disponible pour 234 patients ayant par la suite développé un cancer de la prostate, et pour 711 témoins appariés pour l’âge. 71 participants décédés d’un cancer de la prostate ont été appariés à 213 témoins. Une analyse a été menée pour voir si le taux initial de PSA avait une valeur prédictive quant au risque de développer un cancer de la prostate, agressif ou non. Le taux moyen de PSA pour les tranches d’âge 40-49 ans, 50 à 54 ans et 55 à 59 ans était respectivement de 0.68, 0.88 et 0.96 ng/mL. Le fait d’avoir un taux de PSA supérieur au 90e percentile dans ces différentes tranches d’âge expose à un risque très significativement accru de développer ultérieurement un cancer de la prostate. Ainsi, l’odds ratio (OR) est de 8.7 (1 à 78.2) dans la tranche 40-49 ans, 12.6 (1.4 à 110.4) dans la tranche 50 à 54 et de 6.9 (2.5 à 19.1) dans la tranche 55 à 59 ans. Quant aux cas de cancer de la prostate ayant conduit au décès, ils étaient également fortement corrélés à des taux élevés de PSA au moment de l’inclusion. En effet, 82%, 71% et 86% de ces cancers étaient respectivement associés à des taux de PSA supérieurs à la moyenne dans les 3 tranches d’âge précitées. Selon les auteurs, un nouvel algorithme mériterait d’être développé, avec notamment un premier dosage dès l’âge de 45 ans ; pour les patients dont le taux de PSA serait en-dessous de la moyenne à cet âge, un nouveau dosage pourrait être proposé tous les 5 ans tant qu’il demeure sous la moyenne, avec éventuellement abandon de cette mesure après 60 ans pour les hommes se situant dans les valeurs les plus basses. Pour les autres, le suivi régulier du taux de PSA semble s’imposer.

 
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