Ce que l’on sait des signes dermatologiques liés au Covid

05/06/2020 Par Brigitte Blond
Dermatologie Infectiologie
Les données à J45 de l’enquête Covidskin ne permettent pas de conclure sur les lésions dermatologiques en lien avec l’épidémie, et en particulier, les engelures fréquemment évoquées. Le Dr Laurence Le Cleach, dermatologue à l’Hôpital Henri Mondor-Université Paris Est Créteil (Créteil), coordonatrice de l’enquête Covidskin, en détaille les connaissances sur ce sujet.

  Egora : D’où est venue cette alerte d’un possible lien entre le Covid-19 et des lésions dermatologiques ? Dr Laurence Le Cleach : Nous avons reçu dans le service à Henri Mondor au début de l’épidémie, trois personnes venues pour des éruptions du visage, maculeuses, érythémateuses. Nous avons alors, avec la Société Française de Dermatologie et le Pr Marie Beylot-Barry, proposé, - à l’instar de nos amis ORL pour l’anosmie/agueusie, signe maintenant avéré maintenant du Covid -, un appel à cas. Et assez rapidement, dans les jours qui ont suivi, des alertes ont été données en Italie et en France sur la possibilité d’engelures aussi. Notre appel à cas a donc été élargi à tout type de manifestations cutanées.   Où en sommes-nous de l’analyse de cas ? Un premier bilan a été fait le 15 avril sur 113 patients, un deuxième point d’étape le 28 avril sur 245 patients. Nous avons recueilli aujourd’hui environ 300 patients. Le groupe le plus important est celui des patients présentant des engelures, correspondant à deux tiers des signalements dermatologiques.

Au 28 avril, parmi les 165 patients ayant des manifestations acrales, 79 (48 %) n’avaient eu aucun signe infectieux préalable ou concomitant. Pour les autres, il s’agissait dans la majorité des cas de signes isolés (asthénie et/ou toux le plus souvent, ou fièvre, myalgies), et ce, sans forme grave (avec hospitalisation). La PCR nasopharyngyée a été positive chez une personne seulement parmi les 66 qui ont bénéficié de cet examen. Quant aux exanthèmes maculopapuleux,...

urticaires ou éruptions du visage, inauguraux de l’alerte, nous avons eu là des PCR positives dans la moitié des cas.   Comment expliquez-vous cette incidence plus élevée d’engelures ? Nous n’avons pas de chiffres de prévalence des engelures « en temps de paix »… mais nous avons nettement l’impression qu’il y en a davantage aujourd’hui ! Pourquoi à cette époque de l’année, peu propice à ce type de lésions ? On ne sait pas. Parce que les patients se lavent plus souvent les mains ? Non : ces engelures siègent plus souvent à la face dorsale des orteils, sur le talon ou la face latérale des pieds. Un bilan de l’immunité a été réalisé pour une bonne trentaine de patients dont nous attendons les résultats. Comme les engelures apparaissent manifestement a postériori des éventuels signes infectieux, une PCR négative n’exclut pas une infection à Covid et les sérologies, qui ont été demandées, pourraient être plus informatives : elles nous permettraient d’être plus affirmatifs. A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas considérer que les engelures soient, comme l’anosmie, un signe de Covid, mais nous ne pouvons pas l’exclure tout à fait non plus. Une certitude existe : si un patient se présente avec des engelures, on ne peut pas en déduire qu’il est infecté, ni a fortiori immunisé. S’il l’est (infecté), sa contagiosité n’est pas majeure. Enfin, une infection à Covid dans ce contexte n’est en tout cas pas associée à des formes sévères de la maladie.

*Le Dr Le Cleach déclare n’avoir aucun lien d’intérêt.  

Le port prolongé du masque, à risque de problèmes dermatologiques

Le masque ? Une sorte de médicament, résume le Dr Radostina Bachvarova, dermatologue (Thermes de Saint-Gervais Mont Blanc), protecteur certes, mais avec des effets indésirables". La peau, du visage en particulier, n’est pas physiologiquement adaptée pour des agressions répétées. Les plus fragiles sont les peaux claires, plus fines, plus réactives, les “peaux à problèmes“ et les peaux des personnes plus âgées.
Plusieurs facteurs se conjuguent ici pour favoriser l’émergence ou l’aggravation des problèmes de peau : les frottements répétés, les éventuels composants irritants des tissus, la chaleur et l’humidité bouillons de culture.
Le microbiome et le pH légèrement acide de la peau qui font normalement barrière sont ainsi bouleversés, un terreau propice à la réactivation d’une acné, d’une poussée de dermatite atopique, de psoriasis ou de rosacée. Les solutions sont de bon sens : éviter le port continu (quand cela est possible), nettoyer la peau avec un produit non agressif (eau thermale par exemple), sécher en tapotant, puis appliquer une crème hydratante dénuée de conservateurs et, sur les zones d’appui, une crème barrière, voire une crème cicatrisante. Le masque, hors contexte professionnel, doit être en coton pur, clair (sans colorant).

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