Ce test est basé sur l’évaluation de la protéine tau pathologique. Les auteurs ont analysé les données de trois cohortes d’individus avec et sans déficience cognitive dont les niveaux de protéine amyloïde et tau ont été mesurés à l'aide de biomarqueurs radiologique ou dans le liquide céphalo-rachidien (LCR). Les données ont été étudiées entre février et juin 2023. Ainsi, 786 participants (64% de femmes ; âge moyen 66,3 ans) ont été inclus dans cette étude. Les analyses ont alors montré que le test immunologique sanguin recherchant la protéine tau pathologique permettait d’identifier avec précision une maladie d’Alzheimer biologique, et de façon comparable aux résultats utilisant les biomarqueurs du LCR, avec des seuils reproductibles entre les cohortes. En outre, ce test permettait de détecter des changements longitudinaux, y compris au stade préclinique, ce qui suggère une utilité aux stades les plus précoces de la maladie. « Les biomarqueurs sanguins vont changer la façon dont nous faisons le diagnostic », a résumé à l'AFP le neurologue Giovanni Frisoni, l'un des principaux spécialistes européens de la maladie d'Alzheimer. Le monde médical a globalement salué les avancées de cette nouvelle étude, malgré certaines limites. Il faudra ainsi confirmer cette efficacité dans la pratique réelle et, surtout, un tel test ne fait que pointer la présence de mécanismes physiologiques qui ne se traduisent pas systématiquement par une démence. Cela reste « une excellente étude qui nous place à deux doigts de pouvoir utiliser au quotidien un test sanguin de la maladie d'Alzheimer », a jugé le neurologue Bart de Strooper, dans une réaction au Science Media Center (SMC) britannique. Au Royaume-Uni, c'est déjà presque une réalité. Un programme, à l'initiative de plusieurs organisations anti-Alzheimer, vise depuis l'an dernier à tester l'intérêt de ces tests sanguins au sein du système de soins britannique. La progression dans le diagnostic de la maladie apparait d’autant plus importante que, après des décennies de recherches infructueuses, deux traitements - l'un par le laboratoire Eli Lilly, l'autre par Biogen - semblent pouvoir ralentir l'évolution de la maladie en s'attaquant aux plaques amyloïdes. Leur efficacité est modeste et les effets secondaires sont lourds, mais pour nombre de neurologues, c'est un premier pas vers d'autres traitements plus performants. Enfin, si on en est pour le moment à parler uniquement de diagnostic précoce et non de dépistage, Giovanni Frisoni n'exclut toutefois pas un jour de voir le dépistage d'Alzheimer devenir réalité. « On est en train de tester certains médicaments qui visent à réduire le risque d'une démence d'Alzheimer », explique-t-il. « Peut être que, dans cinq ou dix ans, ce sera dans la pratique clinique. A ce moment, je pourrai dire 'Oui, je recommande de mesurer les biomarqueurs sanguins (comme outil de dépistage)'. Mais aujourd'hui, non. »
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