Corticoïdes, IPP, psychotropes : un effet potentiellement délétère sur l’immunothérapie anti-tumorale

22/01/2020 Par Corinne Tutin
Rhumatologie
[32e congrès français de rhumatologie] A l’instar des antibiotiques, les corticoïdes, inhibiteurs de pompe à protons, … pourraient réduire l’efficacité des inhibiteurs du point de contrôle immunologique.

Une étude rétrospective, entreprise au CHU de Bordeaux, sur 635 patients traités par inhibiteur du point de contrôle immunologique en raison d’un cancer avancé (mélanome, cancer bronchique, cancer rénal...) suggère que certains médicaments utilisés pour traiter des patients rhumatologiques pourraient diminuer l’efficacité de l’immunothérapie anti-tumorale. La prise d’une corticothérapie à dose initiale de 10 mg/j ou plus d’équivalent prednisone, au cours du mois précédent ou suivant l’instauration de l’immunothérapie, s’est ainsi associée à une moins forte réponse tumorale (55 % versus 73 % en leur absence) et, surtout, à une médiane de survie bien moins bonne (4,5 versus 24,3 mois, p < 0,0001). « Malgré tout, facteur rassurant, l’impact semblait moins net pour des doses plus faibles de corticoïdes, ou lorsque ceux-ci avaient été administrés plus tardivement, par exemple pour gérer la survenue d’une toxicité de l’immunothérapie », rapporte le Dr Marie Kostine, rhumatologue au CHU de Bordeaux. La relation n’était pas significative statistiquement avec les AINS. « Mais, surprise, une relation négative a été trouvée avec les inhibiteurs de pompe à protons (IPP) », qui leur sont souvent associés dans un objectif de protection digestive :  taux de réponse tumorale de 62 % contre 71 %, médiane de survie de 10,9 contre 24,3 mois (p < 0,0001). « Or, 37,3 % des malades recevaient des IPP », souligne le Dr Kostine.     Impact négatif aussi des psychotropes Une association négative a aussi été observée avec les psychotropes (médiane de survie de 9,3 mois versus 19,4 mois, p = 0,0001), des médicaments pris par 41,1 % des patients. « Par ailleurs, les courbes de survie étaient également très diminuées chez des patients sous morphine, mais cette relation est difficile à interpréter », considère le Dr Kostine, « ces malades ayant souvent un état général très altéré ». « Pour l’insuline, un effet négatif a aussi été relevé, mais le nombre de patients étant faible, les résultats devront être vérifiés sur une plus grande cohorte ».  L’étude a, de plus, confirmé l’impact défavorable, déjà connu, d’une antibiothérapie prescrite avec une immunothérapie, « et les effets délétères étaient renforcés en cas d’association antibiotiques-corticoïdes et antibiotiques-IPP ». « Il faudra déterminer comment ces différentes molécules et leurs combinaisons peuvent modifier l’efficacité de l’immunothérapie, quel est le rôle du microbiote à ce niveau », précise le Dr Kostine. Cette étude rassurera en tout cas cardiologues et patients cardiaques, les courbes de survie n’étant en rien modifiées chez les patients ayant reçu IEC, sartans, et statines.

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