"J'ai l'impression d'avoir un couteau sous la gorge" : ces patients désemparés face au déconventionnement de leur médecin
Les déconventionnements de généralistes touchent de plein fouet leurs patients. Dans le Maine-et-Loire, certains d'entre eux s'estiment "otages" de cette décision de leur praticien et peinent à trouver un nouveau médecin traitant.
"On est pris en otage." Dans le village de Saint-Martin-de-la-Place, dans le Maine-et-Loire, le déconventionnement de deux médecins généralistes il y a plusieurs mois n'est pas passé inaperçu aux yeux des habitants. "C'est un stress pour [ces derniers], rapporte une pharmacienne de la commune, citée par le quotidien local du Courrier de l'Ouest. Il y a beaucoup de fatalité. Certains ont l'impression d'être piégés, il y a aussi des personnes qui ne se soignent plus."
Un couple de retraités, rencontré par nos confrères, explique avoir décidé de se tourner vers un autre généraliste situé à 20 kilomètres de leur domicile, plutôt que de continuer à consulter leur médecin depuis trente ans, désormais déconventionnée. Après de nombreux refus pour réussir à trouver un nouveau praticien, les deux habitants s'interrogent : "Comment ça va se passer pour les jeunes aux revenus modestes, les familles avec enfants ?"
"Ce n'est pas tenable"
Pour ces patients, difficile d'accepter de payer plus cher – la consultation est fixée à 50 euros chez les médecins de la commune - et de ne pouvoir être remboursés. "On vit en France et on cotise pour ça, lance une patiente. J'ai l'impression d'avoir le couteau sous la gorge, ce n'est pas tenable." Mère de famille, elle n'a pas réussi à trouver nouveau médecin traitant dans les communes voisines.
Pour réduire les frais de santé, cette dernière limite les rendez-vous médicaux. "On a recours à l'automédication, un peu la force des choses. Pour le rappel de vaccin de ma fille, on passera par une infirmière", relate-t-elle.
Selon la CPAM du Maine-et-Loire, 13 médecins du département se sont déconventionnés depuis début 2024, indique Le Courrier de l'Ouest. En France, on comptait plus de 1000 praticiens déconventionnés en mars dernier, dont une très large majorité de généralistes. Ce mouvement de désengagement de l'Assurance maladie a été lancé un an plus tôt, en mars 2023, sous l'impulsion du syndicat UFML afin de faire pression sur les décideurs pour revaloriser les soins et la place du médecin. A Saint-Martin-de-la-Place, les deux généralistes déconventionnées expliquent avoir fait ce choix suite à la signature de la nouvelle convention médicale, et aux nouveaux objectifs qu'elle impliquait.
[avec Le Courrier de l'Ouest]
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