Déclarée à tort en fin de vie, une patiente attaque le médecin de l’hôpital pour faute déontologique
"Il nous semble important de tirer quelques leçons déontologiques et médicales des erreurs commises, pour qu’Amélie ne soit pas une victime inutile", témoigne, dans Le Figaro, le mari d’une patiente déclarée à tort en fin de vie. Le 24 août 2014, son épouse est admise à l’hôpital de La Roche-sur-Yon après s’être étouffée en avalant un morceau de viande. A la suite d’un arrêt cardiaque, la mère de famille est placée sous respiration artificielle. Le médecin qui la prend en charge ne laisse pas d’espoir à ses proches : "Son projet de vie, c’est mourir", aurait-il indiqué à son mari, assurant que "son cerveau est détruit". Son mari découvre cinq jours après que "l’alimentation est coupée et l’hydratation, réduite au minimum", rapporte Le Figaro. "Les médecins étaient partis pour un arrêt de la ventilation artificielle. Je les ai suppliés de lui laisser une chance", se souvient-il. Le 5 septembre, le respirateur est coupé. La patiente parvient à respirer seule. Elle est néanmoins victime de crises de convulsion. Pour les soignants, la patiente est bel et bien en fin de vie. Quinze jours passent sans alimentation. Finalement, en octobre, la patiente – amaigrie – finit par prononcer quelques mots : "J’ai faim." Elle rentre chez elle en décembre 2015 en fauteuil roulant. Selon son mari, "il y avait des choses pas normales" dans la prise en charge de sa femme. Le dossier médical de son épouse a mis trois années à lui parvenir. L’avocat du couple, Me Paillot, avance "une erreur de diagnostic" et "une mauvaise interprétation de la loi Leonetti". "On a oublié toutes les garanties : on n’a pas demandé son avis à la famille, ni obtenu l’avis d’un médecin tiers, ni écrit la décision d’arrêt des soins. À l’arrivée, la patiente a des lésions, mais elle parle et parvient même à marcher avec une aide", indique l’avocat au Figaro. La famille a ainsi déposé plainte devant l’Ordre des médecins. La procédure engagée pour faute déontologique vise le médecin chef du service de réanimation de l’hôpital. Le 28 septembre, la famille a essuyé un premier échec, déplore-t-elle dans le quotidien national, après le rejet de leur question prioritaire de constitutionnalité (QPC) par le Conseil d’Etat. La plus haute juridiction administrative en France leur a répondu que "les médecins, chirurgiens-dentistes ou sages-femmes chargés d’un service public ne peuvent être traduits devant la chambre disciplinaire de première instance que par le ministère de la Santé, le représentant de l’Etat dans le département, l’ARS, le procureur, le Conseil [de l’Ordre des médecins] national ou départemental". [avec Le Figaro]
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