Face au coronavirus, les vétérinaires prêts à seconder les médecins

02/04/2020 Par La rédaction
Santé publique
Les vétérinaires français ont répondu massivement à l'appel des ministères de la Santé et de l'Agriculture pour prêter main forte aux médecins dans la lutte contre le Covid-19.
 

"Il nous a été demandé de faire un recensement des vétérinaires pour les inscrire dans la réserve sanitaire afin de connaître les volontaires. Aujourd'hui nous avons plus de 5.000 vétérinaires, dont 784 en Ile-de-France inscrits", a expliqué à l'AFP Bruno Tessier, président des vétérinaires d'Ile-de-France, lui-même candidat au renfort. Au total, la France compte 18.000 vétérinaires inscrits à l'Ordre, dont 12.000 exercent en libéral. "Pour l'instant nous avons donné du matériel mais nous n'avons pas encore été mobilisés. La liste n'a pas été activée et on attend que l'on nous demande de participer", a ajouté le vétérinaire de l'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). Dans cette Réserve sanitaire, le vétérinaire "viendrait en soutien du premier rang, car c'est compliqué pour les vétérinaires d'être en première ligne. On n'est pas des médecins de médecine humaine", estime-t-il.

  "L’ARS jugera nos compétences” Toutefois, selon lui, le vétérinaire peut exercer le métier de brancardier mais surtout faire de la régulation téléphonique, comme les médecins du Samu. "On sait répondre à des personnes qui ont des symptômes de coronavirus, faire des interrogatoires médicaux puis faire le tri et prendre une décision", a-t-il affirmé. Quant au métier d'infirmier, "il y a des gestes que les vétérinaires savent faire et d'autres pas. Infirmier dans un service de réanimation, c'est compliqué car l'infirmier dans ce service est ultra-spécialisé". "On sait intuber des animaux mais est-ce que l'on saurait intuber des gens ? Ce ne sont pas les mêmes techniques....

Ca serait possible avec une formation et ça prendrait beaucoup de temps", a-t-il jugé en martelant "personne ne parle des vétérinaires en première ligne"."On se tient à la disposition de l'ARS qui jugera de nos compétences", a-t-il expliqué. Les médecins des animaux ont donné aux hôpitaux "tous ce qui était prêtable" : des aspirateurs et des pousses seringues, "indispensables" pour ouvrir un lit en réanimation. Ils ont envoyé également, outre des blouses et des masques, des moniteurs qui servent à surveiller le taux d'oxygène et la pression artérielle d'un patient. Mais ils ont également fourni à des Ehpad des concentrateurs d'oxygène. "Ces boîtes électriques sortent un air enrichi en oxygène à environ 94%, non utilisables en réanimation mais utiles dans certaines salles pour personnes âgées".   Laboratoires Quant aux vétérinaires des autres régions de France, ils mettent aussi du matériel à disposition mais "pas question de les dépouiller car chaque région aura ses besoins lorsque le Covid-19 aura gagné du terrain". Selon l'Académie vétérinaire de France (AVF), les producteurs de tests pour animaux et les laboratoires vétérinaires pourraient également apporter une aide précieuse pour le dépistage du Covid-19.

"Un énorme potentiel de  production de kits PCR & sérologiques et d'analyse qui ne demande qu'à être mobilisé pour sauver des vies !" a fait valoir Jean-Luc Angot, le président l'AVF. Des professionnels déjà confrontés à la fièvre aphteuse ou catarrhale ovine, la grippe aviaire, la peste porcine... Des maladies extrêmement contagieuses, a noté Jeanne Brugère-Picoux de l'Académie nationale de médecine. Mais en France, "un laboratoire vétérinaire n'a pas le droit de faire des tests quand c'est un produit d'origine humaine", a expliqué la vétérinaire qui dénonce "un monopole aberrant créé il y a quelques années". Or "70% des maladies sont communes à l'homme et l'animal", a-t-elle ajouté. Une interdiction absente "dans plusieurs États membres de l'Union européenne (Allemagne, Belgique, Italie...)", a rappelé  l'Académie nationale de médecine qui, dans un communiqué, a demandé la délivrance d'une autorisation exceptionnelle. "Il nous faut regarder dans quelle mesure nous pouvons lever ces interdictions, c'est quelque chose qui demande un peu d'instruction, c'est en train d'être réalisé", avait précisé samedi le Premier ministre, Edouard Philippe. Mais "pour l'instant nous n'avons pas de retour", a déploré Jean-Luc Angot.

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