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"La santé n’est pas le monopole de la médecine", plaide le syndicat des IPA

L'Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) a tenu à réagir aux propos tenus le 19 septembre dernier par le Dr Franck Devulder sur Egora. "Avec l'accès direct, on inscrit dans la loi le principe d'une médecine à deux vitesses", avait martelé le président de la CSMF. "Agiter les épouvantails du passé ne nous aidera pas à trouver des solutions concrètes pour la population dans le présent", lui répond Emmanuel Hardy, président de l'Unipa.

03/10/2024 Par Emmanuel Hardy
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"Tout d'abord, nous tenions à rassurer les hépato-gastro-entérologues qui peuvent tout à fait travailler avec une IPA car rien dans la législation ne leur interdit. En effet le L4301-1 du CSP (1) impose l'exercice coordonné par un médecin et liste les différentes structures où l'IPA est en droit d'exercer :
"I. - Les auxiliaires médicaux relevant des titres Ier à VII du présent livre peuvent exercer en pratique avancée :
1° Au sein d'une équipe de soins primaires coordonnée par le médecin traitant ou d'une équipe de soins d'un centre médical du service de santé des armées coordonnée par un médecin des armées ;
2° Au sein d'une équipe de soins en établissements de santé, en établissements médico-sociaux ou en hôpitaux des armées coordonnée par un médecin ;
3° En assistance d'un médecin spécialiste, hors soins primaires, en pratique ambulatoire ;
4° En assistance d'un médecin du travail, au sein d'un service de prévention et de santé au travail."

Un IPA ne peut donc exercer seul, contrairement aux officiers de santé d’antan. 

De plus, il est mentionné dans l’article que si l'accès direct était inscrit dans une loi, cela dérégulerait le système de santé. Or, l'accès direct aux IPA a déjà été inscrit dans la loi dite de RIST, votée le 19 mai 2023 puis promulguée le lendemain. Le CSP a été modifié en conséquence (2) : "Dans les établissements de santé et les structures d'exercice cordonné, les infirmiers exerçant en pratique avancée peuvent prendre en charge directement les patients. Un compte rendu des soins dispensés est systématiquement adressé au médecin traitant du patient et reporté dans le dossier médical partagé de celui-ci". Aucune dérégulation n’a été depuis constatée, car les IPA sont insérés dans une équipe de soins coordonnés.

Selon nous, le débat pour la population se situe principalement entre l'accès à un professionnel de santé ou non. En effet dans certains territoires c'est 30% des personnes qui n'ont pas de médecin traitant. Même si la CSMF propose des solutions à moyen et long terme, aucune n'est à court terme. Que faisons-nous pour les territoires désertiques en professionnels de santé ? Que mettons nous en place pour les ruptures de parcours ? Acceptons-nous de les laisser sans solutions, avec des pertes de chance potentielles ou bien engorger les urgences faute de solutions appropriées ? Bien entendu, fidéliser les professionnels de santé en exercice et en former plus de nouveau est une nécessité, mais qui requiert du temps.

A court terme, nous devons réintégrer dans le système de santé toutes les personnes en rupture de parcours de soins. Une lutte contre les principaux motifs de renoncement aux soins comme la précarité, l'éloignement, le délai de rendez-vous engendrant une lassitude (3) doit donc s’opérer. Effectivement une médecine à plusieurs vitesses existe déjà entre les personnes ayant un suivi ou pas, pouvant se déplacer ou non, pouvant payer un dépassement d'honoraires ou non, avancer la part mutuelle ou non. En conséquence, évoquer la justice sociale en étendard, en regard des inégalités sociales précédemment évoqués, nous semble inapproprié.

La santé n’est pas le monopole de la médecine elle en est une composante, d'autres disciplines comme les sciences infirmières sont en capacité et ont les compétences pour accompagner les personnes dans leurs problématiques de santé. Nous devons donc multiplier les moyens d'accès au système de santé au plus près de la population, faciliter les parcours de santé et de soins coordonnés. Pour cela nous devons utiliser toute la ressource disponible et élargir les compétences de toutes les professions de santé qu'elles soient médicales ou non, avec une responsabilité pour le professionnel d'orienter la personne quand la situation dépasse son champ de compétences. C'est en ce sens que le législateur, les associations de patients ainsi que les élus locaux se sont prononcés.

Récemment la nomination de Madame la Ministre Darrieussecq corrélée à l'ajout de l'accès aux soins dans la dénomination du ministère de la Santé illustre parfaitement les transformations que nous devons opérer afin de répondre aux besoins populationnels.
Agiter les épouvantails du passé ne nous aidera pas à trouver des solutions concrètes pour la population dans le présent."

 
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