#Metoo

#MeToo médecine : 80 cas de violences signalés aux doyens en un an, un chiffre largement sous-estimé

Selon la Conférence nationale des doyens de médecine, 80 situations de violences sexistes et sexuelles ont été signalées aux facultés au cours de l'année 2023-2024. Un chiffre qui semble largement sous-estimé, à l'heure où la parole se libère peu à peu parmi les carabins.

09/10/2024 Par Chloé Subileau
Violences sexistes et sexuelles
#Metoo

80 situations de violences sexistes et sexuelles (VSS) ont été signalées à des doyens de médecine durant l'année 2023-2024. C'est ce qu'a révélé mardi 8 octobre le Pr Benoît Veber, le Doyen des doyens, à l'occasion de la quatrième conférence de concertation sur les risques psychosociaux et les VSS. Ce chiffre est issu des réponses de 32 facultés de médecine, sur les 34 que compte le France. Parmi ces 80 cas de VSS dont ont été informés les doyens, certains sont particulièrement "graves". 

"Huit d'entre eux ont fait l'objet d'un article 40" du code de procédure pénale, a souligné le Pr Veber, au sein de la faculté de médecine de Sorbonne Université. Selon le président de la Conférence des doyens, le recours à "cet article témoigne de la gravité [des faits]", puisqu'il entraîne une alerte auprès de la "justice, du procureur" de la République.

De plus, 13 des cas de VSS rapportés ont "mis en cause un supérieur hiérarchique", a ajouté le Pr Veber, précisant que l'analyse de ces chiffres nécessite un regard "critique". "Il y a probablement une sous-déclaration importante, probablement que les doyens ne sont informés que très partiellement de [ces] situations", a-t-il avancé.

En effet, en mars 2021, une enquête de l'Anemf* montrait que 15% des étudiantes et étudiants en médecine avaient déjà subi une agression sexuelle dans leur vie universitaire et 5% dans le milieu hospitalier ; seuls 10 à 11% signalaient pourtant ces violences.

Des sanctions peu nombreuses

Le chiffre de 80 situations de VSS signalées en un an semble en décalage. Il montre la difficulté pour les victimes de témoigner, surtout auprès des personnels et doyens des facultés. "Il faut que l'on soit informés de ces situations. On ne pourra pas vous aider [les étudiants, NDLR] si l'on n'est pas informés de ces situations", a plaidé Benoît Veber. "Les doyens prônent très clairement une tolérance zéro vis-à-vis de ces situations qu'il s'agisse d'une situation entre étudiants ou l'une mettant en jeu un supérieur hiérarchique, ce qui est bien sûr totalement inacceptable", a insisté le président de la Conférence, assurant qu'il "y aura une réponse à chaque fois que la situation sera instruite et avérée".

*Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf)

** Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIPH)

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