Egora : Vous débutez un mandat de deux ans en tant que Doyen des doyens. Les dossiers en cours sont nombreux. Quelles seront vos priorités ? Pr Patrice Diot : Notre conférence s’est engagée sur cinq thèmes prioritaires : le premier, évidemment, c’est à propos des réformes des études de santé et leur succès pour une mise en place des trois réformes en même temps à la rentrée 2020. C’est un enjeu, mais aussi une opportunité extraordinaire pour faire évoluer notre formation et faire en sorte que le médecin de demain, dans 15 ans, réponde aux besoins de la société.
Le deuxième thème prioritaire, ce sont les enjeux recherche, dans le contexte de la loi pluriannuelle, avec notamment des questions de postes, de statuts. A côté de cela, la formation à la recherche, les doubles cursus qui intéressent de plus en plus les étudiants en médecine qui se forment par exemple, en parallèle en sciences humaines ou dans d’autres sciences de l’université. Il faut aussi prendre en compte la recherche en soins premiers, c’est-à-dire la médecine générale sur laquelle nous avons un peu de retard à rattraper. Et puis enfin, un rôle d’animation pour la recherche en formation paramédicale, les formations qui sont universitarisées. Le troisième, très important, concernera la prise en compte de l’engagement pédagogique des jeunes futurs hospitalo-universitaires à côté de leurs engagements dans la recherche. Nous voulons faire en sorte d’accueillir et de valoriser toutes les actions pédagogiques qui sont essentielles dans la conduite de ces réformes. Plus technique, le quatrième thème prioritaire c’est celui de la recertification. C’est-à-dire la formation continue tout au long de la vie dans laquelle l’université, avec d’autres, aura un rôle à jouer. C’est ce qu’on appelle le quatrième cycle des études médicales.
Enfin, le cinquième et dernier thème, c’est la visibilité de nos facultés de médecine à l’international. On réussit en France des choses absolument uniques, comme la capacité qu’on a à organiser des épreuves classantes nationales (ECNi) auprès de 8.500 étudiants par voie dématérialisée numérique. Nous sommes les seuls à le faire dans le monde, il faut qu’on le fasse savoir ! Il faut aussi qu’on fasse connaître, un certain nombre de domaine dans lequel nous avons de l’expertise et aller, ailleurs, s’inspirer de l'expérience de ceux qui peuvent nous inspirer. Vous parlez beaucoup des réformes des études de santé, qui inquiètent par ailleurs les étudiants. Comprenez-vous leurs inquiétudes face à tous les changements à venir ? Il y en a toujours un peu au moment des changements. Là, ce sont de gros changements avec effectivement des réformes qui portent sur trois cycles d’études successives et qui arrivent au même moment. Je comprends l’inquiétude, d’autant que les textes réglementaires ont été attendus. Mais maintenant, ils sont là. Il ne reste plus que deux textes qui vont bientôt arriver et ne nous empêchent pas de travailler.
Ce que je peux dire, c’est qu’avec l’engagement des étudiants, des enseignants, en particulier des collèges d’enseignants en médecine et avec la conférence des doyens, nous sommes tous “à fond” dans la conduite de ces réformes. Personnellement, je veillerai, c’est l’un de mes engagements, à ce que tout se passe aux mieux et le cas échéant, résoudre les problèmes qui pourraient survenir. Vous parlez beaucoup de coordination, à plusieurs échelles. En quoi est-ce un mot-clé selon vous ? Il est un mot-clé à différent niveau. Par exemple, les études de santé doivent nous conduire à sortir d’une formation qui est peut-être un peu trop hospitalo-centrée ou CHU-centrée. L’idée, c’est de projeter la formation des facultés de médecine ainsi que les CHU dans les territoires… Et cela nécessitera une excellente coordination entre ceux qui assureront l’encadrement des étudiants mais aussi la recherche clinique dans ces territoires avec le CHU ou la faculté de recours dans le territoire. Voilà un exemple de coordination un peu nouvelle à mettre en place avec la perspective d’avoir des moyens dans le cadre d’un projet avec trois autres doyens je porte, qui s’appelle “Territoire Universitaire de Santé” et qui doit nous permettre de mailler le territoire d’enseignants qui seront le relai des facultés de médecine.
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