FMC : 10 points clésPrise en charge des prolactinomes

Les prolactinomes sont des tumeurs non cancéreuses sécrétant de la prolactine. La démarche diagnostique est fondée sur le dosage de la prolactinémie et l'imagerie.

27/02/2025 Par Dre Léopoldine Bricaire-Dubreuil
  1. 01
    Point formation n°1

    Les prolactinomes représentent 40 % des adénomes hypophysaires fonctionnels, ils sont plus fréquents chez la femme et sont souvent diagnostiqués entre 25 et 40 ans. La plupart (90 %) sont des micro-adénomes (± 10 mm). L'incidence est estimée entre 2 et 8,2 nouveaux cas pour 100 000 personnes. Ils sont généralement bénins, le plus souvent sporadiques (une mutation germinale, notamment de la MEN1, sera recherchée avant l'âge de 30 ans), et leur croissance est lente.

  2. 02

    Le diagnostic repose sur le dosage de la prolactine sérique. Un dosage de prolactine sera réalisé devant une oligo-aménorrhée, une galactorrhée chez la femme, une dysfonction érectile chez l'homme, une infertilité, des troubles de la libido dans les deux sexes, ou un retard pubertaire dû à un hypogonadisme hypogonadotrope chez l'enfant. 
    Un taux de prolactine sérique supérieur à plus de 6 fois la valeur supérieure de la normale est fortement évocateur de prolactinome. En cas de taux plus bas, un contrôle du dosage doit confirmer l'hyperprolactinémie, après exclusion des causes d'hyperprolactinémie secondaire : médicamenteuse, hypothyroïdie primaire, insuffisance rénale, grossesse. Une macroprolactinémie doit également être écartée (formes monomériques de prolactine).

  3. 03

    Le taux de prolactine est corrélé à la taille de la lésion. Une élévation modérée en regard d'une lésion volumineuse évoquera une hyperprolactinémie de déconnexion par levée du frein dopaminergique. Par ailleurs, une prolactinémie insuffisamment élevée en regard d'une volumineuse lésion doit faire réaliser une dilution et écarter un effet crochet.

  4. 04

    Une exploration de l'axe somatotrope par un dosage d'IGF-1 sera systématiquement réalisée lors d'un diagnostic de prolactinome.

  5. 05

    L'IRM est l'outil de choix pour visualiser les tumeurs hypophysaires une fois l'hyperprolactinémie confirmée et pour la surveillance. En cas de microprolactinome, un contrôle d'IRM sera réalisé à un an de l'initiation du traitement, puis uniquement en cas de discussion d'arrêt de traitement ou en cas de réaugmentation de la prolactine après arrêt de traitement. En cas de macroprolactinome, une IRM sera réalisée trois à six mois après initiation du traitement, puis un an après et secondairement en fonction de l'évolution clinico-biologique. En cas de prise en charge chirurgicale, une IRM de référence sera réalisée trois à six mois après chirurgie. En cas de rémission, aucun suivi IRM n'est recommandé en dehors d'une récidive biologique. 
    Un suivi IRM tous les six à douze mois ne sera réalisé qu'en cas de prolactinome résistant.

  6. 06

    Le traitement de première ligne repose sur les agonistes dopaminergiques (cabergoline, bromocriptine). La cabergoline est préférée du fait de son efficacité et de ses effets secondaires moins fréquents, la posologie allant de 0,5 à 3,5 mg par semaine. Une réponse tumorale est visible dans les six premiers mois. Une normalisation de la prolactine et une réduction de volume tumoral de plus de 25 % à trois mois prédisent une réponse à long terme. Une rémission après arrêt du traitement médical est retrouvée chez 20 % des patients, les facteurs prédictifs étant une faible posologie de traitement, une durée de traitement supérieure à deux ans, une réduction significative de taille tumorale.

  7. 07

    À l'arrêt du traitement, un dosage de prolactine sera réalisé de façon trimestrielle la première année, puis annuellement ou en cas de récidive de symptômes.

  8. 08
    Point formation n°8

    À la ménopause, un arrêt de traitement sera toujours tenté. Une normalisation de la prolactine survient chez près de 45 % des patientes présentant un microadénome non traité médicalement. Dans les cas de macroprolactinomes, l'objectif est uniquement de bloquer la croissance tumorale.

  9. 09

    Un traitement chirurgical par un neurochirurgien expérimenté peut se discuter en première intention pour un prolactinome bien délimité, n'envahissant pas les sinus caverneux et pas trop postérieur (risque de déficit en vasopressine), particulièrement chez un patient jeune qui pourrait nécessiter un traitement médical prolongé.

  10. 10

    En cas de désir de grossesse, il n'est plus recommandé de remplacer le traitement par cabergoline par de la bromocriptine. En cas de microprolactinome ou macroprolactinome non menaçant sur les voies visuelles, les agonistes seront suspendus dès le début de la grossesse. La surveillance sera clinique et ophtalmologique. Une IRM sans injection n'est justifiée qu'en cas de céphalées intenses inhabituelles, troubles visuels, signes évocateurs d'apoplexie.

Références :

- Petersenn S, et al. Diagnosis and management of prolactin-secreting pituitary adenomas: a Pituitary Society international Consensus Statement. Nat Rev Endocrinol 2023;19(12):722-40.

La Dr Léopoldine Bricaine-Dubreuil déclare ne pas avoir de lien d'intérêts concernant les données de cet article.

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