Cancer de l'ovaire

Cancer de l’ovaire : une organisation des soins "à ajuster"

La prise en charge du cancer de l’ovaire a bénéficié de progrès importants ces dernières décennies. Mais il reste des pistes pour améliorer le pronostic de cette pathologie qui reste sombre, souligne l’Académie nationale de médecine, dans un communiqué consacré à ce sujet, publié le 28 juin. Ainsi, 5 900 femmes sont touchées par ce cancer chaque année, avec une mortalité importante, puisque 3 500 décès annuels sont dénombrés.

03/07/2024 Par Dre Marielle Ammouche
Cancérologie
Cancer de l'ovaire

Les avancées significatives qui ont eu lieu ces trois dernières décennies sont tout d’abord d’ordre génomique et anatomopathologique, avec le démembrement moléculaire qui "a permis d’identifier différents types de cancer de l’ovaire, orientant les stratégies thérapeutiques", reconnait l’Académie. Il existe désormais des tests "théranostiques", comme la recherche d’anomalies de la réparation des cassures double-brin de l’ADN (Homologous Recombination Defect (HRD)), ou celle de mutations des gènes BRCA1 ou 2. Ces analyses sont devenues "un prérequis essentiel pour la prescription de thérapies ciblées", comme les inhibiteurs de la Poly-ADP-Ribose-Polymérase (Parp).

L’efficacité de la prise en charge des cancers ovariens dépend aussi largement de la qualité du traitement chirurgical, et de la capacité des équipes à pratiquer une exérèse complète de la tumeur. Pour cela, la place des centres experts, basés sur des seuils minimaux d’activités et d’effectif de chirurgiens, est fondamentale. Actuellement, leur certification impose un seuil d’activités minimal à 20 cas de cancer de l’ovaire traités par an et par chirurgien, et un effectif d’au moins deux chirurgiens par établissement, et avec une cible à 5 ans d’au moins 50 cas/an/praticien.

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En effet, une étude rétrospective publiée récemment (Meurette J. et al. Bull Cancer. 2024 Mar;111(3):239-247), et basée sur l’analyse du PMSI, a montré que sur les 3 700 interventions chirurgicales pour cancer de l’ovaire avancé réalisées en 2016, seuls 11 établissements avaient pris en charge plus de 50 cas, et de très nombreux établissements en avaient traité moins de 10. Et il y avait une diminution de la morbi-mortalité dans les établissements qui avaient la plus forte activité. "Face à ce constat, les conditions règlementaires de l’autorisation des activités de soins ont évolué, visant à assurer une activité supérieure à 20 cas annuels de chirurgie pour cancer avancé de l’ovaire", précise l’Académie.

Elle souligne donc l’importance de la composante chirurgicale du traitement qui doit "être réalisée par des équipes chirurgicales très actives dans ce domaine". Elle prône une organisation des soins qui réunisse les "compétences de plusieurs disciplines de grande expertise". "L’organisation des soins sur le territoire doit être ajustée, afin que les patientes ayant une suspicion, ou une confirmation diagnostique, de cancer de l’ovaire puissent accéder, dans les délais les plus brefs, à ces établissements de recours", soulignent les académiciens. 

Le diagnostic moléculaire et anatomopathologique doit aussi pouvoir bénéficier du développement d’essais cliniques de vaste ampleur. 

Références :

Communiqué de l’Académie nationale de médecine (28 juin)

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