Congrès CFA 2017 - Allergie à l’arachide : efficacité de l’immunothérapie orale à court terme
Les pratiques d’induction de tolérance orale à l’arachide divergent, en l’absence de recommandations pour le moment.
L’allergie à l’arachide touche 1,3% des enfants en Europe. En général, elle évolue vers la guérison dans 80% des cas. Si ce n’est pas le cas, des techniques d’immunothérapie orale (ITO) ont été proposées depuis une dizaine d’année, mais ne sont toujours pas recommandées en pratique courante. L’ITO repose sur l'ingestion quotidienne de doses croissantes d'arachide dans le but d'établir une tolérance orale. Il existe par ailleurs d’autres voies d’exposition possibles : épicutanée et sublinguale. Concrètement, l’ITO est basée sur une phase initiale de montée de doses en milieu hospitalier, puis une phase d'escalade, et enfin une phase de maintenance avec ingestion quotidienne d'arachide. Entre 2009 et 2015, plusieurs études internationales versus placebo ainsi que divers retours d’expérience ont montré l’efficacité à court terme de l’ITO à l’arachide, aboutissant à une désensibilisation du patient ou une augmentation des seuils de réactivité. C’est pourquoi en 2016 le groupe de travail en allergie alimentaire de la Société française d’allergologie (SFA) a décidé de faire une enquête sur les pratiques actuelles de l’induction de tolérance orale à l’arachide. L’objectif de ce travail est d’aboutir à une harmonisation des pratiques et à une meilleure évaluation de l’efficacité et de la tolérance de cette ITO. Une enquête de la SFA Un questionnaire a donc été envoyé à 233 allergologues français, belges et luxembourgeois, concernant leur pratique de l’induction de tolérance à l’arachide. 1394 enfants âgés de 2 et 16 ans (âge moyen 4,7 ans) et 128 adultes ont été analysés. Les résultats ont montré que 48 praticiens (20%) pratiquent l’ITO à l’arachide. Elle s’effectue pour 94% d’entre eux en milieu hospitalier. Ils mettent en évidence des disparités importantes concernant les indications et les modalités de l’ITO. Ainsi, tous les médecins proposent un test de provocation par voie orale (TPO) initial à l’arachide pour déterminer la réalité de l’allergie ou le seuil réactogène, mais seuls 67 % débutent le protocole au 10ème de la dose cumulée réactogène. La progression des doses a lieu à domicile dans 63 % des cas, avec presque systématiquement une feuille de consignes pour l’adaptation des doses en présence de cofacteurs. Les patients sont suivis tous les 6 mois (82 %) à tous les ans. L’objectif est d’atteindre une dose tolérée d’arachide variant de 1 g à 10 g ou de multiplier la dose cumulée réactogène initiale par 8 à 10. La dose d’entretien qui varie de 1 à 10 g est maintenue pendant 3 à 5 ans avec une prise quotidienne dans 45% des cas. Une vigilance nécessaire L’observance est jugée bonne pour 78 % des médecins. Les abandons sont rapportés de manière très variable par les médecins (0,5% à 50% des patients) et semblent liés à une lassitude, une anxiété, voire un dégoût. Globalement, 80% des médecins estiment que l’ITO est souvent efficace et 77 % qu’elle est bien tolérée. Des effets indésirables surviennent cependant : ainsi, 50 % des médecins ont interrompu l’ITO chez au moins un de leurs patient pour une réaction à domicile ou pour une mauvaise tolérance au long cours. Et près d’1 praticien sur 2 (43%) rapporte le recours à de l’adrénaline pour la prise en charge d’une réaction liée à l’ITO pour au moins 1 patient au cours du test de provocation oral initial ou durant l’induction de tolérance. Ces résultats sont encourageants sur le court terme. Cependant, des doutes persistent sur l’efficacité à long terme de l’ITO. En effet, il semble exister un risque élevé de rechute rapidement après l’arrête de la prise quotidienne à l'arrêt de l'ITO.
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