Les sujets âgés ont tendance à minimiser leur douleur. Le praticien doit s’attacher à la rechercher par l’interrogatoire mais aussi en s’aidant d’échelles adaptées. Il doit aussi identifier des éléments de mauvaise observance thérapeutique.
Au sein de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (Sfetd) existe, depuis une quinzaine d’années, une commission consacrée à la douleur chez la personne âgée, coordonnée par le Pr Gisèle Pickering (CHU de Clermont-Ferrand). Cette année, un des thèmes analysés lors du congrès concernait les besoins et les freins associés à la prise en charge de la douleur des sujets âgés sur leurs différents lieux de vie, que le Pr Gisèle Pickering détaille pour Egora. Egora : Qu’est-ce qui gêne la reconnaissance et la prise en charge de la douleur des sujets âgés en médecine générale ? Pr Gisèle Pickering : Un des freins est que les sujets âgés attendent fréquemment assez longtemps avant de parler de leurs douleurs. L’idée ancienne qu’il est normal d’avoir mal quand on vieillit persiste. Et les individus âgés sont volontiers stoïques. Ils ont peur d’ennuyer le médecin, de devoir faire des examens complémentaires supplémentaires, de recevoir des médicaments, d’être hospitalisés. Souvent, ils ont aussi du mal à caractériser leurs douleurs et à les localiser précisément. Il faut leur demander si c’est une piqûre, un fourmillement…, essayer de trouver le mot exact pour définir la douleur. Le médecin généraliste peut aussi ne pas être à l’aise ou même ne pas être d’accord avec des prescriptions de médicaments antalgiques, opioïdes, établies par d’autres praticiens, rhumatologue, algologue, vus par le patient âgé. Comment diminuer ces freins ? Les différents praticiens traitant le patient doivent travailler en relation étroite. Avec le malade âgé, les médecins généralistes le savent bien, il faut prendre le temps d’écouter. Or, dans certaines régions du territoire, les généralistes en manquent beaucoup. La douleur chronique est très fréquente chez le sujet âgé. Il ne faut pas la banaliser, se rappeler que derrière cette douleur chronique peut exister une douleur aiguë et, que par exemple, derrière une arthrose banale, peut se cacher une autre pathologie. Chez le sujet âgé communiquant, on utilisera l’échelle numérique, allant de 0 à 10, ou l’échelle verbale simple (douleur absente, faible… insupportable) pour évaluer la douleur. Chez le patient ayant des difficultés de communication, notamment en raison d’un trouble cognitif, on emploiera des échelles comme Algoplus, Doloplus qui sont surtout intéressantes pour suivre l’évolution dans le temps de la douleur. Elles peuvent aussi être utilisées facilement par le personnel soignant, les aidants. Souvent, les patients âgés minimisent leurs douleurs et ils n’ont pas toujours une bonne observance médicamenteuse. Avant de considérer qu’une douleur est rebelle, il faudra vérifier que le médicament est effectivement pris, et de plus au bon dosage. On sera également vigilant sur le risque d’interactions médicamenteuses et sur l’automédication.
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