Par cette décision, la CPAM de Rouen "condamne des femmes au handicap", dénoncent les patientes du Dr Dominique Parain, neurologue de 77 ans, dans une pétition en ligne. Le praticien, qui exerçait au CHU de la ville aux cent clochers avant de s’installer en libéral il y a dix ans, risque de voir ses séances de stimulation magnétique déremboursées par l’Assurance maladie. C’est en tout ce que compte faire la CPAM, indiquent nos confrères de France Bleu. En effet, cet acte médical a été utilisé par le neurologue sur ses patientes comme un outil thérapeutique et non comme un outil diagnostic. En thérapeutique, la méthode n’a pas été validée par les autorités sanitaires françaises. "Ce refus [de prise en charge, NDLR] n'est guidé ni par des motifs de santé (cette technique ne présente aucun effet secondaire et montre des résultats exceptionnels), ni par des raisons économiques : son remboursement dans l'usage thérapeutique est de 73 euros par acte associé à une consultation - un coût dérisoire comparé aux dépenses habituelles liées au handicap", écrivent ces patientes, qui souffrent de troubles neurologiques fonctionnels, souvent associés à un syndrome Ehlers Danlos, qui touche en majorité les femmes. Elles dénoncent une "stupidité bureaucratique". "Nous sommes en plein scénario Orwellien puisque la CPAM de Rouen accepte sans problème de rembourser cette technique... tant qu'elle est utilisée comme outil diagnostic !" "Mais si elle permet à une jeune fille, jusque-là en fauteuil roulant, de retrouver une mobilité parfaitement normale, la prise en charge s'arrête ! Pourquoi ? Parce qu’elle ne correspond pas au but recherché dans la codification de l'acte", s’insurgent-elles. En utilisant la stimulation magnétique en thérapeutique, le Dr Parain, "dont la réputation n’est pourtant plus à faire après 40 années d’exercice au CHU", a permis une "avancé spectaculaire" dans la prise en charge de leurs troubles, loue le collectif de patientes. "Des centaines de personnes" suivies par le neurologue "retrouveraient une situation de handicap à cause de cette décision attentatoire à leur santé physique et morale", assurent-elles. Ces patientes ont ainsi rédigé "plus de cent lettres" envoyées à leur praticien et destinée à la CPAM, dans lesquelles elles décrivent "combien cette technique a changé leur vie". "Nous subissons une triple peine ! Un handicap terriblement difficile à vivre au quotidien, une errance médicale épuisante, démoralisante, et maintenant, un abandon pur et simple." "Les gens responsables du désastre annoncé ne pourront se cacher derrière les procédures administratives et devront assumer d'avoir, en toute connaissance de causes, brisé des milliers de vies", lancent-elles enfin. "Si les gens ne peuvent plus venir ici parce que ce n'est plus remboursé, et bien ils vont retomber dans le handicap et ça coûtera plus cher à la Sécurité sociale parce qu'il y aura à nouveau des hospitalisations et des examens complémentaires et que l'errance médicale, ça coûte cher", a de son côté réagi le Dr Parain auprès de France Bleu. La médecin de l’Assurance maladie de Rouen, la Dre Martine Morvan a quant à elle expliqué qu’il était nécessaire "qu'il y ait une validation objective et scientifique de l'intérêt d'une thérapeutique pour qu'elle puisse être inscrite effectivement à la nomenclature et faire l'objet d'un remboursement". Selon France Bleu, la procédure engagée par la CPAM n'est pas encore terminée car le Dr Parain a jusqu'à la fin du mois pour plaider sa cause. La pétition a d’ores et déjà recueilli près de 2500 signatures. [avec France Bleu]
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