Soupçons d’essais cliniques irréguliers à l’IHU de Marseille : la justice saisie
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a fait savoir mercredi 27 octobre qu’elle avait saisi le procureur de la République de Marseille sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale au sujet d’essais cliniques contre la tuberculose qui auraient été menés sans autorisation des autorités sanitaires par les équipes de l’IHU Méditerranée Infection. L’ANSM a aussi annoncé qu’elle allait “diligenter une inspection” au sein de l’IHU marseillais, dirigé par le microbiologiste Didier Raoult.
Le 22 octobre, Mediapart a en effet révélé que “depuis 2017”, l’IHU mènerait “une expérimentation sauvage contre la tuberculose, provoquant chez plusieurs patients, dont un mineur, de graves complications”. Selon le site d’information, cette expérimentation utilisait une combinaison de quatre médicaments dont l’efficacité conjointe n’avait jamais été évaluée, et était menée malgré le refus de l’ANSM. Or l’ANSM doit donner son aval aux recherches impliquant des êtres humains, en particulier les essais cliniques de médicaments.
La révélation de Mediapart s’ajoute à celle de L’Express, le 20 juillet dernier, sur une série de manquements aux règles légales et éthiques encadrant les essais cliniques. Alertée dès mai 2021 sur “de possibles manquements de l’IHU Méditerranée à la réglementation des essais cliniques”, l’ANSM a déclaré avoir lancé une enquête. “Certaines études auraient dû être menées conformément à la législation encadrant les recherches impliquant la personne humaine [...] Ceci n’est pas admissible”, a déclaré l’autorité.
"Une tempête dans un verre d’eau" ?
De son côté, l’AP-HM (dont dépend l’IHU), qui a mené une enquête interne “non exhaustive” face à la “gravité potentielle des faits relatés”, a indiqué, mercredi 27 octobre, qu’un “protocole de recherche sur cette combinaison d’antibiotiques avait bien été déposé”. Une porte-parole a précisé à l’AFP que ce protocole avait été déposé en août 2019, mais qu’il avait été retiré un mois plus tard “compte tenu des réserves émises par l’ANSM”. Or, “en l’absence d’essai ouvert et malgré les réserves émises par l’ANSM, l’IHU Méditerranée a continué à délivrer ces traitements”. L’AP-HM a indiqué poursuivre ses investigations, en lien avec les autorités de tutelle compétentes, notamment l’ANSM.
Le Pr Didier Raoult a lui tweeté lundi 25 octobre que ces “dernières ‘révélations’ sont une tempête dans un verre d’eau”. Toujours sur son compte Twitter, il a déclaré ce jeudi 28 octobre : “Que ce soit clair : il n’y a pas de recherche sur le traitement de la tuberculose au sein du pôle maladies infectieuses et tropicales de l’AP-HM hébergé par l’IHU”.
Que cela soit clair : il n'y a pas de recherche sur le traitement de la tuberculose au sein du pôle maladies infectieuses et tropicales de l'@aphm_actu hébergé par l'@IHU_Marseille.
— Didier Raoult (@raoult_didier) October 28, 2021
[Avec AFP, Le Parisien, Le Monde]
La sélection de la rédaction
Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?
François Pl
Non
Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus