"Comme vous le savez, on envisage à présent de rendre la vaccination obligatoire. Cette décision, qui est motivée par le fait que seule une vaccination généralisée permettra d’obtenir l’immunité collective qui nous mettra à l’abri d’une quatrième vague à la rentrée, devrait intéresser toute la population, mais comme on le voit, elle est centrée dans un premier temps sur les personnels soignants. En effet, il y a un deuxième risque spécifique, qui est de faire de la Covid-19 une maladie nosocomiale potentiellement mortelle atteignant dans les lieux de santé les patients qui y viennent pour se soigner. Certains d’entre vous hésitez encore, et d’autres avez décidé de ne pas vous faire vacciner. Vous avez certainement des raisons, et toute raison mérite d’être écoutée et respectée. En particulier vous pouvez avoir été perturbés par les messages contradictoires que vous n’avez cessé d’entendre. Il y a eu pêle-mêle le fait que vous n’avez pas été prioritaires, qu’on vous a demandé de continuer à travailler quand vous étiez positifs mais asymptomatiques, ensuite l’impression qu’il pourrait y avoir un risque avec des vaccins nouveaux (ARN) ou avec un vaccin qui a entraîné des complications mortelles. Pour ces deux dernières raisons, on peut vraiment répondre aujourd’hui que les vaccins ARN sont la conclusion d’années de recherche et que les millions de personnes vaccinées permettent d’affirmer l’absence de dangerosité du geste vaccinal alors que tout prouve que seule une vaccination généralisée permettra de nous sortir de cette calamité. Cela, pour ceux d’entre vous qui hésitez encore.
À ceux qui avez décidé de ne pas vous faire vacciner, je vous dis : à nouveau, vous avez sûrement des raisons, mais permettez-moi de vous dire que cette décision, qui risque d’avoir des conséquences fâcheuses pour les patients que vous soignez, est en contradiction avec ce désir de soin optimal qui vous a fait descendre il y a deux ans dans la rue pour obtenir les conditions d’un soin digne dans les lieux de santé (hôpitaux, EHPAD etc.). Votre colère de ne pas avoir été entendus à ce moment-là a pu vous conduire à juste titre à une défiance cette fois vis-à-vis...
des pouvoirs publics. Or, pour les mêmes raisons de désir de soin optimal, vous avez lors de la crise sanitaire rentré cette colère et montré de quoi vous étiez capables, souvent aujourd’hui jusqu’à l’épuisement. Ne pourriez-vous pas continuer dans cette voie en faisant taire vos raisons de ne pas vous faire vacciner, ceci dans le même désir de soin ? À vous tous, qui n’êtes pas encore vaccinés ou qui avez décidé de ne pas l’être, je dis aussi : tous ceux d’entre nous qui l’ont été ont ressenti immédiatement un sentiment de reconnaissance immense à la vaccination, de joie intense de se sentir protégé vis-à-vis d’un risque mortel, enfin peut-être aussi de fierté de participer à l’unité collective qui contribuera à obtenir l’immunité collective qui nous permettra de sortir de ce cauchemar. Pourquoi vous refuser cette joie ?
Alors je vous dis, et surtout à ceux qui refusent : n’attendez pas qu’on vous impose la vaccination. Vous n’avez pas mérité un geste que vous pourriez trouver stigmatisant, et injuste car s’adressant à une partie de ceux qui ont été applaudis au printemps dernier parce qu’ils montraient que face au péril ils avaient des valeurs qui leur faisaient prendre des risques pour exercer au mieux leur métier de soignant. Pour ces mêmes valeurs, faites-vous vacciner, maintenant, sans attendre. En plus, par ce geste, vous donnerez l’exemple à la population toute entière, et vous pourrez en être d’autant plus fiers que cette décision aura été, pour vous, difficile. PS. J’ai signé la tribune du JDD pour une seule raison : je suis convaincu qu’une vaccination de toute la population (pas seulement vous), dès que possible, est une nécessité aussi absolue qu’urgente."
La sélection de la rédaction