La décision du Gouvernement de fermer les écoles pour tenter de freiner l'épidémie de Covid-19 "ne sert pas à grand-chose" et ne suffira pas à ralentir l'épidémie, car le virus circule par ailleurs, estime l'épidémiologiste Catherine Hill.
AFP : Que pensez de cette mesure de fermeture des écoles en France métropolitaine ?
Catherine Hill : La fermeture des écoles ne sert pas à grand-chose et pourrait même aggraver la situation. En effet, les parents peuvent être obligés de confier les enfants à leurs grands-parents, ce qui mettra ces derniers en danger s'ils ne sont pas encore vaccinés. De plus, cela contribue à faire bouger les gens d'un endroit à l'autre, notamment pendant le week-end de Pâques. Chaque fois qu'on change d'endroit, on rencontre des personnes différentes, et on augmente ainsi automatiquement le risque de croiser le virus. A contrario, en restant au même endroit, on croise généralement les mêmes gens, ce qui réduit ce risque. Qu'aurait-il fallu faire ?
Pour contrer la progression virale, il faudrait confiner sérieusement et en profiter pour tester massivement - systématiquement - et isoler les personnes positives avant qu'elles aient des symptômes. Plus de la moitié des contaminations viennent de personnes qui ne se savent pas contagieuses car elles n'ont aucun symptôme, certains n'en auront jamais, d'autres en auront quelques jours plus tard. A l'heure actuelle, on attend que les personnes soient symptomatiques, ce qui arrive environ cinq jours après la contamination, on les teste en moyenne deux jours plus tard et on leur rend les résultats encore un jour après. Ainsi, c'est huit jours après la contamination qu'on leur dit qu'ils sont infectieux. C'est beaucoup trop tard.
Comment faire pour savoir réellement dans quelles tranches d'âge et dans quelles proportions circule le coronavirus ?
Les Anglais recourent régulièrement à l'auto-prélèvement nasal pour test PCR sur des échantillons représentatifs de la population. Ces sondages successifs permettent d'étudier l'évolution de la fréquence des cas positifs dans la population générale depuis le 1er mai 2020. Ils permettent aussi d'étudier la variation de cette fréquence en fonction de l'âge dans la mesure où la population est étudiée dès l'âge de 5 ans (les enfants de 5 à 12 ans sont prélevés par les parents). L'effet de l'âge n'est pas très important, la fréquence du virus est un peu moins élevée chez les plus jeunes et le minimum est observé chez les plus âgés.
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