"Cette troisième vague ne ressemble en rien aux deux premières", met en garde le président de la FHF

17/03/2021 Par Louise Claereboudt
Lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi 17 mars, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) a alerté sur les particularités de cette “troisième vague” épidémique qui touche actuellement les établissements de santé. Face à cette tension accrue, les déprogrammations s’enchaînent, notamment en Ile-de-France. Une solution qui ne semble pas pouvoir s’éterniser pour la Fédération.

  “Cette troisième vague ne ressemble en rien aux deux premières”, a prévenu d’emblée le président de la FHF, Frédéric Valletoux, lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi. L’inquiétude des hospitaliers est d’autant plus forte qu’ils se voient un peu seuls au front parce qu’il n’y aura pas les renforts en Ile-de-France, par exemple, qu’on a eu lors de la première.” Un an après l’instauration du premier confinement, la situation apparaît particulièrement tendue dans les hôpitaux publics. “La quasi-totalité des services de réanimation publics connaissent un taux d’occupation maximum” sur l’ensemble du territoire national, a expliqué Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération, qui constate que de plus en plus de femmes et de jeunes sont touchés, notamment en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France. Ces derniers arrivent “directement en réanimation”. Les déprogrammations d’opérations et d’activités se sont alors multipliées partout en France, à la demande de l’ARS pour l’Ile-de-France, comme lors du premier confinement au printemps dernier. Mais “aujourd’hui, il est très difficile de pouvoir imaginer que l’on aille au-delà de la déprogrammation telle qu'elle est affichée sans accentuer encore plus ces enjeux de santé publique”, a alerté Zaynab Riet qui indique que les hôpitaux publics n’ont pas pu rattraper l’ensemble des interventions déprogrammées en 2020.

  Transferts freinés Pour soulager les équipes hospitalières sur le front depuis un an, des transferts ont également été organisés. Dans les Hauts-de-France, depuis le début de cette troisième vague, une centaine de transferts ont eu lieu vers d’autres hôpitaux, essentiellement au sein de la région, mais aussi une dizaine à l’étranger, en Belgique notamment, et dans d’autres régions de France. En Ile-de-France, seuls dix patients ont été transférés en depuis lundi, a annoncé Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ce matin sur RTL, bien loin donc des “dizaines voire centaines” de patients qui devaient bénéficier de ces transferts, comme l’indiquait jeudi dernier Olivier Véran. “A peine plus de 10%” des patients Covid en réanimation étaient “suffisamment stables” pour être transférés. Ces transferts ont également été freinés par le refus de certaines familles, indique Zaynab Riet. Selon elle, un TGV devait permettre ce jeudi 18 mars de transférer 24 patients hors de l’Ile-de-France mais celui-ci risque d’être “fortement compromis”. Contrairement au printemps dernier, ces transferts sont en effet plus difficilement réalisables car la saturation des services se fait ressentir sur l’ensemble du territoire national. Le manque de personnels formés pour prendre en charge ces malades est une autre difficulté à laquelle doivent faire face les hôpitaux, indique Frédéric Valletoux. Selon Zaynab Riet, lancer un appel aux professionnels de santé retraités, à la Réserve sanitaire, à des soignants qui exercent hors de l'hôpital public apparaît ainsi comme une solution qu’il faut envisager. Mais “ce ne sera que des solutions temporaires”, a-t-elle assuré. “Limiter au maximum toute possibilité d’interaction sociale sera la seule condition qui permettra le difficile équilibre entre déprogrammer le moins possible et armer des lits de réanimation avec les personnels”, a-t-elle ajouté.    

Le variant anglais de plus en plus préoccupant
Si la situation de l’Ile-de-France inquiète les pouvoirs publics, plusieurs départements sont particulièrement en alerte, notamment la Seine-Saint-Denis où le taux d’incidence avoisine les 500. Selon Zaynab Riet, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette “situation explosive” : les “conditions de logement exigües”, “la proximité”, “les conditions sociales”, mais aussi la prédominance du variant anglais “plus contagieux” et “qui entraîne des formes plus graves”, assure la déléguée générale de la FHF. “On est dans un phénomène de flambée”, s’inquiète-t-elle. “90% des patients Covid en réanimation à l’hôpital Avicenne étaient atteints du variant anglais”.

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