Une pédiatre de l'hôpital de Cambrai (Nord) a été condamnée mardi 15 décembre à 18 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire, après la mort en 2016 d'une fillette de trois ans dans son service. Les faits remontent au mois de mars 2016. Dans la nuit du 8 au 9, une fillette de trois ans est conduite en ambulance à l’hôpital de Cambrai aux alentours de 1h30 pour des vomissements et des douleurs abdominales. Retrouvée en arrêt cardiaque vers 08H30, elle est décédée malgré une heure de réanimation. Cette nuit-là, contrairement au protocole, l'infirmière d'accueil et d'orientation ne mesure pas les constantes à son arrivée, prétextant que la fillette a peur. Elle part donc en pédiatrie, sans voir de médecin urgentiste. A cette époque, deux pédiatres se relaient pour les astreintes de nuit, à leur domicile, contre quatre théoriques. Inquiète de l'état de la petite fille, une interne de médecine générale appelle malgré tout la pédiatre senior d'astreinte, qui la renvoie vers le chirurgien d'astreinte, qui raccroche, considérant que si la pédiatre ne s'est pas déplacée, il n'a pas à intervenir. Rappelée, la pédiatre arrive finalement vers 03H45, ausculte l'enfant et appelle le radiologue d'astreinte, qui ne se déplace pas. A défaut de scanner, des radios sont réalisées. La pédiatre repart chez elle vers 04H30, et demande de poursuivre la surveillance.
Selon les trois expertises médicales ordonnées, la petite fille serait morte d'un état de choc, d'un mégacôlon toxique ou d'un volvulus du grêle. Les hypothèses n'ont pas pu être vérifiées, la famille ayant refusé l'autopsie. "Pour moi, elle n'allait pas mourir. Elle est en soins continus, avec un scop", s'était effondrée la prévenue à l'audience, en larmes. Reconnaissant une "erreur de diagnostic", l'avocate de la défense, Brigitte Karila, avait insisté sur les "conditions défectueuses" et l'absence de travail d'équipe à l'hôpital. Le ministère public avait lui considéré que la docteure avait "involontairement causé la mort en ne prenant pas les mesures qui auraient pu éviter le décès". Saisi par la famille, le tribunal administratif de Lille a condamné en 2019 le centre hospitalier à des dommages-intérêts. La pédiatre a, elle, été condamnée mardi 15 décembre à 18 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire. Depuis ce drame, les spécialistes font leur astreinte à l'hôpital. [avec AFP]
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