"L'assemblé générale a duré plus de cinq heures et a été particulièrement houleuse", confie Antoine Reydellet, président de l'Isni. Le syndicat des internes se met sur le pied de guerre en réponse à un amendement, introduit en commission mixte paritaire, qui inscrit dans la loi que le stage de six mois en autonomie supervisée (Saspas) du DES de médecine générale sera obligatoire en dernière année et devra surtout être réalisé "en priorité" en zone sous-dense. La mesure est le fruit d'un compromis : lors de l'examen du projet de loi de santé, le Sénat avait introduit, contre l'avis du gouvernement, l'obligation pour les internes de médecine générale de réaliser leur dernière année de DES dans un désert médical. En commission mixte paritaire, les représentants des députés avaient réussi à vider peu ou prou la mesure controversée de son sens, en la remplaçant par une mesure non contraignante.
Las, les internes estiment qu'une esquisse de risque de contrainte est déjà une contrainte. "Il y a un risque très clair d'obligation pour certaines spécialités d'aller dans les zones sous-denses, alors même qu'il n'y a pas forcément les MSU [maîtres de stage universitaires, NDLR] nécessaire", explique Antoine Reydellet. "C'est un pied dans le jardin de la coercition : si on accepte ça maintenant, on ne sait pas ce qu'on va devoir accepter dans le PLFSS 2022 d'ici trois quatre-mois."
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— ISNI (@ISNItwit) 21 juin 2019
Une disposition en particulier risque de mettre le feu aux poudres : elle prévoit que... l'obligation de réaliser un Saspas "en priorité" en zone sous-dense puisse être étendue à d'autres spécialités "à exercice majoritairement ambulatoire", par simple décret. D'où la crainte pour l'Isni de voir certaines disciplines en tension (ophtalmologie, médecine d'urgence, dermatologie, pédiatrie…) basculer une par une dans le champ de la loi, sans pouvoir réagir par un mouvement unitaire. L'été sera chaud Le moment est critique, puisque le texte final du projet de loi de santé doit être soumis le 10 juillet à l'Assemblée pour un vote final (puis le 23 juillet au Sénat). En cas d'échec du vote, le gouvernement sera contraint de relancer la navette parlementaire, le dernier mot revenant in fine à la chambre basse, à majorité LREM. Mais le coût politique serait exorbitant pour l'exécutif.
On saura demain mercredi 26 juin si l'Isni se lance à plein dans un mouvement de grève national, mais certaines villes ont d'ores et déjà pris leurs dispositions. Une arme de destruction massive, en pleine canicule et alors que les mobilisations se multiplient, notamment aux urgences et chez les pompiers.
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