Autisme : face aux psychiatres ulcérés, Sophie Cluzel tempère ses propos

10/04/2019 Par Yvan Pandelé
Politique de santé
Un point partout, la balle au centre. Après avoir déclaré sur RMC vouloir en finir avec la psychiatrie dans l'autisme, la secrétaire d'État aux Personnes handicapées a mis un peu d'eau dans son vin et accordé que la psychiatrie avait sa "juste place" dans la prise en charge.

Mise en cause par de nombreuses associations de psychiatres suite à sa volonté déclarée de sortir l'autisme du champ de la psychiatre, Sophie Cluzel, secrétaire d'État aux Personnes handicapées, s'emploie désormais à éteindre l'incendie. "Je n'ai jamais déclarée illégale la psychiatrie", a-t-elle déclaré à l'AFP, se disant "choquée de l'interprétation" faite de ses propos. Invitée à évoquer l'autisme le 1er avril sur RMC, à la veille de la journée mondiale de l'autisme, la secrétaire d'État avait demandé "qu'on arrête de parler de psychiatrie, et qu'on parle vraiment d'une bonne prise en charge, très précoce", en réponse à Jean-Jacques Bourdin. Défendant "la détection et la prise en charge précoce des enfants autistes", elle avait déclaré vouloir en finir avec les "prises en charge inadéquates dans des hôpitaux psychiatriques où [ces derniers] n'ont rien à faire". Las, ces propos n'ont pas eu l'heur de plaire aux intéressés. Dans un communiqué, le Conseil national professionnel de psychiatrie (CNPP), qui regroupe onze organisations professionnelles et les syndicats de psychiatres, avait dénoncé des "propos irresponsables et scandaleux" jetant "l'opprobre" sur la profession, appelant la secrétaire d'État à "rester en cohérence avec la ministre de la Santé et le président de la République".   La "juste place" de la psychiatrie "Il n'y a rien d'irresponsable à dire que nous voulons une prise en charge très précoce avec une intervention pluridisciplinaire", a encore précisé Sophie Cluzel auprès l'AFP. "La psychiatrie a sa place, mais sa juste place, en coopération et en concertation avec l'ensemble des médecins, des généralistes, médecins de PMI et intervenants médicosociaux." Cette controverse prend place dans un climat de guerre de tranchée entre la plupart des associations de parents d'enfants autistes et le champ de la psychiatrie, accusé d'entretenir une vision rétrograde de l'autisme, encore très inspirée de conceptions psychanalytiques. La stratégie nationale pour l'autisme du Gouvernement a vocation à permettre une prise en charge précoce et efficiente de ce handicap, avec des résultats qui tardent à se faire sentir sur le terrain.

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