50 euros par don de selles : l'hôpital submergé d'appels suspend son étude
En lançant un appel à volontaires sains pour son évaluation de l'efficacité de la transplantation de microbiote fécal dans la rectocolite hémorragique, l'équipe de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP) ne s'attendait pas à rencontrer un tel succès. Submergé d'appels, l'hôpital a été contraint de suspendre son étude.
En indemnisant 50 euros le don de selles, l'hôpital Saint-Antoine ne pensait pas rencontrer un tel succès. "Nous avons arrêté l'appel à donneurs et l'étude a été mise en pause car c'était ingérable", a expliqué le professeur Harry Sokol, gastro-entérologue à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, confirmant une information du journal Le Parisien. "Le numéro de téléphone et le mail [via lesquels les candidats au don pouvaient se faire connaître] ont été saturés très rapidement", a-t-il poursuivi.
"Certains sont même venus directement"
"Après que le numéro a été coupé, les gens ont appelé le standard de l'hôpital, certains sont même venus directement, et ça continue", a-t-il ajouté, en soulignant que les patients qui voulaient bénéficier de cet essai clinique sont "catastrophés" par son interruption. Cet essai porte sur l'évaluation de la technique de transplantation fécale dans le traitement d'une maladie inflammatoire de l'intestin, la rectocolite hémorragique. Il s'agit d'administrer par voie naturelle au receveur une préparation fécale constituée d'échantillons de selles du donneur suspendus dans du sérum physiologique. La campagne de recrutement de donneurs a eu lieu par voie d'affichage à l'hôpital Saint-Antoine et auprès des étudiants en médecine. "Quelqu'un a pris l'affiche en photo, puis elle a été diffusée très largement sur internet et les réseaux sociaux, de façon dramatique puisque le message a été altéré. Les gens ont compris: "Donnez vos selles, on va vous donner 50 euros"", a raconté le professeur Sokol.
"Il y a une sélection des donneurs"
Or, la procédure est beaucoup plus complexe: "Il y a une sélection des donneurs, on leur demande leur historique médical complet, y compris familial, on leur fait des prises de sang extrêmement complètes, on analyse leurs selles pour être sûr qu'il n'y a pas d'agent infectieux, et c'est seulement à l'issue de tout ça qu'ils peuvent donner". "Ces 50 euros ne sont pas une rémunération, mais un dédommagement versé dans le cadre de la recherche, vu la lourdeur du processus, et encadré par la loi", a souligné le professeur, en espérant que l'étude pourra reprendre bientôt avec un "appel aux dons" de façon plus habituelle. "C'est une étude très sérieuse, de grande ampleur, avec une importante liste d'attente de patients", a-t-il insisté. [Avec AFP]
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