Comment le Gouvernement veut sauver 100 000 vies par an

26/03/2018 Par Aveline Marques
Politique de santé

Lors d'un comité interministériel pour la santé ce lundi matin, le Gouvernement a présenté 25 mesures pour "rester en bonne santé tout au long de sa vie". Un budget de 400 millions d'euros sera alloué.

C'est le premier axe de la Stratégie nationale de santé 2018-2022. Alors qu'en France la mortalité évitable est "très élevée", Edouard Philippe a présidé ce matin un Comité interministériel pour la santé consacré à la prévention. Objectif : "préserver près de 100.000 vies par an".

  "L’espérance de vie dans notre pays est l’une des meilleures au monde. Pourtant, la mortalité prématurée demeure encore trop élevée, tout comme les inégalités de mortalité et de morbidité – entre hommes et femmes, entre territoires et entre groupes sociaux", souligne la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Rappelant que l'OMS définit la santé comme un "état de complet bien-être physique, mental et social" et "ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité", le Gouvernement a présenté 25 mesures-phares visant à "obtenir un environnement favorable à la santé" au cours des quatre périodes de vie : la grossesse et les 1 000 premiers jours, la santé de l'enfant et du jeune, la santé de l'adulte de 25 à 65 ans, la vieillesse et la perte d'autonomie. Ces mesures représentent un investissement de 400 millions d'euros pour 5 ans.

   

  • Le temps périnital et la petite enfance

-Supplémenter "systématiquement" en vitamine B9 les femmes qui souhaitent avoir un enfant, au moins 4 semaines avant la conception et au moins durant les deux premiers mois de grossesse.   -Mieux sensibiliser les femmes enceintes aux consommations à risque en augmentant "significativement" la taille du pictogramme "interdit aux femmes enceintes", en mettant à disposition des "auto-questionnaires 'consommation (alcool, tabac, cannabis) - facteurs de vulnérabilités" en vue de l'entretien prénatal précoce, et en diffusant les messages clés lors des 16 temps organisés pour le suivi de la femme enceinte. -Créer d'ici fin 2018 un site internet d'information du public sur les produits chimiques contenus dans les produits de consommation courante  

  • La santé des enfants et des jeunes

-Mettre en place un parcours santé des 0-6 ans en actualisant et modernisant les outils de suivi (nouvelle version du carnet de santé et des certificats de santé de l’enfant en 2018, certificats de santé dématérialisés d’ici 2020) et en expérimentant, sur 3 territoires, un parcours de coordination renforcée "santé-accueil-éducation" -Prévenir l'obésité en intégrant, dans le cadre des expérimentations de prévention de l’obésité chez les enfants de 3 à 8 ans menées dans 4 départements (Nord, Pas de Calais, Seine St Denis et la Réunion), la possibilité pour le médecin traitant de prescrire des séances d'activité physique en supplément des consultations diététiques et psychologiques et des bilans d'activité déjà rémunérés dans le cadre d'un forfait -Créer une centaine de postes d'assistants spécialistes "outre-mer" dans les territoires ultra-marins : ces jeunes médecins ont la possibilité d'effectuer leur post-internat en partageant leur temps entre un CHU et un autre établissement (et prochainement, en ville); pour cela, ils bénéficient de contrats de court terme (de 6 mois à 2 ans), d'une aide à la mobilité et au logement et d'un accompagnement lors du retour dans l’Hexagone. -Généraliser dans tous les établissements scolaires les programmes de développement de la promotion à la santé et les "ambassadeurs élèves" de prévention; mettre à disposition des parents des ressources; systématiser les échanges entre les établissements secondaires et les consultations jeunes consommateurs (CJC). -Redéployer entre 0 et 18 ans les examens de santé tous prévus aujourd'hui avant 6 ans, afin de réaliser un repérage et une prévention des troubles auditifs à 15-16; conduire une campagne sensibilisation sur les risques liés à l’écoute de musique amplifiée et une sensibilisation à l’usage des bouchons d’oreille -Expérimenter les "PASS préservatif" pour les moins de 25 ans dans les régions à forte incidence d'IST : ce programme vise à informer, sensibiliser sur la santé sexuelle et inclut la mise en place d'une carte donnant un accès gratuit aux préservatifs -Renforcer les consultations jeunes consommateurs de produits psychoactifs sur le territoire par des actions de prévention collective hors les murs et par l'accueil des jeunes de 11 à 25 ans en difficulté et leur famille de manière anonyme et gratuite  

  -Proposer systématiquement un accompagnement spécialisé des jeunes admis aux urgences ou hospitalisés après un épisode d’alcoolisation massive; renforcer les équipes de liaison spécialisées en addictologie (ELSA) -Former 80% de la population aux gestes de premiers secours (dès l'école primaire); faciliter l'accès aux défibrillateurs -Former les étudiants aux "premiers secours en santé mentale" : il s'agit d'apprendre à réagir face à une détresse psychique  

  • La santé des adultes de 25-65 ans

-Passer du forfait d'aide au sevrage tabagique de 150 euros par an et par assuré à un remboursement classique -Eliminer le virus de l'hépatite C en France à l'horizon 2025 en élargissant les prescripteurs du traitement, en renforcer le dépistage par TROD -Mettre en place un dépistage organisé (le 3e du genre) du cancer du col de l'utérus pour atteindre les 40% de femmes ne réalisant pas de frottis tous les 3 ans, en prenant en charge cet examen à 100% -Généraliser dès 2019 la vaccination antigrippale par les pharmaciens d'officine, "dont les premiers résultats sont positifs" -De 2020 à 2022, étendre le Nutri-Score à la restauration collective et commerciale et aux produits alimentaires manufacturés non préemballés -Réduire la consommation de sel de 20% -Réduire l'exposition des consommateurs aux perturbateurs endocriniens en mobilisant les industriels -Mobiliser les fédérations sportives au service de la santé lors des événements sportifs  

  • La santé des personnes en situation de handicap

-Réaliser au moins une fois par an un bilan de santé (notamment sur la santé bucco-dentaire) -Mieux prendre en compte la complexité de la prise en charge des patients en situation de handicap dans les tarifs des professionnels et des établissements -Informer sur l'accessibilité des cabinets sur Ameli.fr  

  • La santé des plus de 65 ans

-Mieux repérer les personnes âgées isolées et fragiles à partir des registres nominatifs en cas de canicule et des outils de repérage des retraités fragilisés de la caisse nationale d’assurance vieillesse -Mettre en oeuvre dans chaque département des actions de lutte contre l’isolement des personnes âgées -Déployer des missions de service civique auprès des personnes âgées isolées et/ou précaires -Financer à hauteur de 15 millions d'euros, des programmes de prévention de la perte d'autonomie et de l'aggravation de l'état de santé des résidents en Ehpad -Systématiser un bilan de santé à l'âge du départ en retraite pour repérer et prévenir les risques de perte d'autonomie -Former les soignants en Ehpad à assurer l'hygiène bucco-dentaire; organiser des consultations de dépistage et systématiser le bilan bucco-dentaire d'entrée en Ehpad; intégrer la santé bucco-dentaire dans les projets d'établissements, les contrats d'objectifs et de moyens et les évaluations  

  Pour soutenir son action, le Gouvernement compte sur le déploiement à la rentrée de 48.000 étudiants en santé dans les collèges, lycées, universités et, à terme, dans les Ehpad, les prisons, les entreprises et les quartiers prioritaires dans le cadre du service sanitaire. Par ailleurs, une application smartphone santé personnalisée sera lancée fin 2018. Elle inclura des messages personnalisés de prévention généraux, mais aussi adaptés à l’âge et au contexte (moi(s) sans tabac, plan canicule, pic de pollution…), des informations individuelles (lien vers le DMP, suivi du nombre de pas, groupe sanguin, rappel des échéances du calendrier vaccinal, coaching santé…), ainsi que des services en ligne (prise de RDV avec un médecin, informations sur les professionnels de santé, les pharmacies de garde, vigilances et signalements d’événements indésirables) et des outils collaboratifs (crowdsourcing) alimentés par les usagers.

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