Cancers : des plateformes pour faciliter l’accès aux essais cliniques
"Mener un essai clinique est assez complexe: recueillir les données, suivre l'évolution de chaque malade, c'est extrêmement lourd", explique Thomas Bachelot, oncologue au centre Léon Bérard, à Lyon. Les essais de phase 1 et 2, qui testent une molécule pour la première fois chez l'homme et déterminent sa tolérance, son efficacité et la dose souhaitable, ne peuvent notamment se faire que dans des "très gros CHU ou centres anti-cancéreux", poursuit-il. Cela exclut d'emblée les patients qui résident loin de tels centres. D'autres, mieux placés, ne sont pas toujours bien orientés. Or "un essai clinique, en plus d'offrir l'accès à un nouveau traitement, est un gain de chance pour le malade", souligne Barbara Pistilli, cheffe du comité de pathologie mammaire à l'Institut Gustave-Roussy, près de Paris. "Car pendant l'essai, il est mieux suivi : les scanners sont souvent relus par deux radiologues, les consultations se font avec plusieurs médecins..."
Le lieu de résidence d'un malade, son niveau d'information et la bonne volonté de l'équipe soignante déterminent donc ses chances d'intégrer ou non un essai. Mais même le médecin le plus motivé peut avoir du mal à s'y retrouver parmi tous les essais disponibles : on en recense environ 2000 chaque année en France, rien qu'en cancérologie. En cause: une base de données qui n'est pas centralisée ni régulièrement mise à jour.
Identifiant un réel besoin, plusieurs start-up ont récemment lancé des plateformes mettant en relation patients et médecins. "En février 2021, avec un autre médecin, j'ai créé une application - oncoclic - qui recense tous les essais en cours et précise les d'inclusion", explique à l'AFP son cofondateur Jean-David Fumet, oncologue au centre de lutte contre le cancer à Dijon. Un algorithme "screene" très rapidement l'éligibilité du patient parmi l'ensemble des essais disponibles et son médecin peut ensuite l'adresser via l'application.
Fondée en 2021, la start-up Screenact propose aussi une mise en relation entre chercheurs, médecins et patients en recherche clinique et oncologie grâce à un algorithme d'intelligence artificielle.
La même année, la start-up Klineo est venue grossir les rangs. "L'idée est venue d'une discussion avec un ami oncologue qui m'expliquait avoir du mal à trouver des essais cliniques pour ses patients en échec thérapeutique", explique à l'AFP Thomas Peyresblanques, cofondateur. Selon lui, "moins de 5% des patients en cancérologie sont inclus dans un essai clinique dans le cadre de leur prise en charge alors que 70% se disent prêts à participer". D'un autre côté, "20% des essais cliniques échouent face à un nombre insuffisant de patients".
Soutenue par le collectif "triplettes roses" (des femmes atteintes d'un cancer du sein triple négatif), sa plateforme sera présentée officiellement mercredi. Claude Coutier, présidente du collectif, attend de ce lancement un "cercle vertueux" : "les inclusions de patients dans les essais seront facilitées, la France sera plus attractive, on testera davantage de nouvelles molécules, ce qui accroitra les chances de guérison", espère-t-elle.
En mai dernier, l'ex-ministre de la Santé Olivier Véran avait missionné ses services pour qu'ils dressent "un état des lieux des initiatives et outils existants", en vue peut-être à terme de la création d'une plateforme nationale.
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