L’anémie, d’installation insidieuse, est découverte soit fortuitement, soit par un bilan hémogramme (taux d’hémoglobine chez la femme < 12g pour 100 ml et chez l'homme < 13g pour 100 ml) soit dans un contexte de manifestations cliniques de l'anémie classique (asthénie, pâleur, fatigabilité notamment). « Le bilan de l’anémie doit impérativement comporter la recherche d’une carence martiale en dosant la ferritine et non le fer sérique. Ce dernier n'est pas recommandé car il varie considérablement dans la journée. En revanche, la ferritine est le marqueur biologique, le plus sensible, du stock du fer sérique de l’organisme. Chez un patient chez qui une carence martiale est suspectée ou qui est déjà porteur d’une anémie, un dosage de la ferritine sera toujours couplé à un dosage des paramètres de l’inflammation dont notamment la CRP », introduit le Pr Claude Jeandel, chef de pôle gérontologie du CHU Montpellier.
Les carences martiales sont liées à des pertes sanguines ou à des modifications de la ferritine au cours de l’inflammation. L’interprétation de la ferritine, qui augmente en présence d'un syndrome inflammatoire, est difficile et implique de recourir au dosage du coefficient de saturation (CS) de la transferrine (protéine de transport du fer). Ainsi s’il n’existe pas de syndrome inflammatoire, la ferritine est le paramètre permettant d'affirmer la carence martiale. S’il existe une inflammation, la mesure du CS de la transferrine, lorsqu’il est abaissé, permet d’établir le diagnostic de carence martiale.
Celle-ci peut également exister en l’absence d’anémie. En effet, elle évolue à bas bruit avant d’entraîner une anémie. « Nous observons une phase pendant laquelle le stock en fer dans l'organisme diminue sans pour autant que cela s'exprime sur l’hémogramme par un taux d’hémoglobine abaissé. Dans ces situations, nous devons également rechercher une carence martiale avec le dosage de la ferritine ou du CS de la transferrine », précise le spécialiste.
La recherche d’une carence martiale est importante dans certaines pathologies, comme l’insuffisance cardiaque (IC) qui concerne 20 % à 25 % des personnes âgées de plus de 75 ans. L’IC nécessite ainsi la prescription d’un bilan comportant le dosage de la ferritine. Les recommandations internationales définissent la carence martiale dans l’IC lorsque la ferritine est < 100 microg/L ou lorsque le CS de la transferrine est < à 20 % en cas d’inflammation. La carence martiale est alors corrigée par un traitement de fer injectable réalisé en milieu hospitalier uniquement.
« C’est très important. En effet, des études ont montré que lorsque la carence martiale dans l’IC est corrigée, la fonction cardiaque, la qualité de vie et le pronostic de la maladie des patients sont améliorés. Le risque de recours à l'hospitalisation au bout d’un an est réduit de 60% dans les groupes dont la carence martiale a été corrigée. C’est une forte contribution à l'évolution de la maladie qui est ainsi mieux stabilisée. La correction de la carence martiale fait désormais partie intégrante du traitement de l’IC. Nous devons corriger l’anémie lorsqu’elle est présente dans l’IC, mais nous ne devons pas nous contenter de la corriger, nous devons également corriger la carence martiale, quand bien même il n’existe pas d’anémie. Il faudra ensuite surveiller dans le temps si la correction effectuée est satisfaisante, et renouveler éventuellement l'injection de fer en fonction des dosages », conclut le Pr Jaendel.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus