Covid : le retour au collège bénéfique chez les adolescents asthmatiques

20/07/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie

Si l’asthme n’est pas apparu comme un facteur de forme sévère de Covid chez les adolescents, le confinement a pu avoir un impact tant physique que psychologique chez ces jeunes patients.   Afin d’évaluer le retentissement de la crise de la Covid-19 sur les patients adolescents asthmatiques, la Gregory Pariente Foundation (GPFD) s’est associée aux Drs David Drummond (Hôpital Necker - Enfants Malades, Paris) et Carine Favre-Metz (Strasbourg). Pour mener une enquête auprès de quelques uns de ces jeunes patients. Il en ressort que, pendant le confinement, l’asthme est resté contrôlé chez la majorité des adolescents interrogés (15/18). Aucune complication n’a été signalée (pas de recours au médecin, aux corticoïdes oraux ni au traitement de secours). Le confinement, même avec des animaux au domicile, n’a pas posé de problème dans la plupart des cas pour les sujets allergiques. Le retour à l’école est généralement perçu positivement, pour ¾ des adolescents asthmatiques. Les jeunes ont hâte de retrouver « leurs potes », mais aussi le collège. Ils se sentent également protégés par leur traitement et les gestes barrières. Pour les deux praticiens, « la jeunesse apparait comme le meilleur bouclier face au coronavirus ». Les données actuellement disponibles confirment que les formes sévères restent exceptionnelles chez l’enfant et l’adolescent. Par ailleurs, il n’est pas établi avec certitude que l’asthme constitue un facteur de risque de forme sévère de Covid-19. Dans ces circonstances, le traitement de fond reste fondamental. Les corticoïdes inhalés ne favorisent pas les formes sévères de l’infection. En revanche, indépendamment du Covid, l’arrêt du traitement de fond peut entrainer une perte du contrôle de la maladie et une crise d'asthme sévère, qui peut avoir des conséquences dramatiques : ainsi un adolescent asthmatique décède toutes les 3 à 4 semaines en France.

  Des conseils pratiques
Pour les patients allergiques, les spécialistes soulignent la nécessité d’aérer le logement, comme cela a été le cas pendant le confinement. « Nous leur avons recommandé d’associer au traitement antihistaminique une bithérapie inhalée pour éviter toute gêne car tous les facteurs étaient réunis pour que l’asthme s’aggrave en période de confinement. Nous avons même préféré augmenter...

les doses recommandées pour être sûrs de protéger ces patients dans le contexte de cette surexposition de leurs bronches aux allergènes » détaille le Pr Frédéric de Blay (Strasbourg). Pour ces patients, il faut rester vigilant même si, cette année, la concentration en grains de pollens de graminées relevée dans l’air est moindre par rapport aux années antérieures. L’exposition au tabac doit être évitée.   Organiser le retour au collège
Il faut aussi retrouver une bonne hygiène de vie car le confinement a pu être associé à un manque d’activité physique chez les adolescents asthmatiques, avec des impacts sur le plan physique (prise de poids, déconditionnement à l’effort), et psychologique (anxiété, sentiment de solitude). En conséquence, le retour en classe n’apparait pas problématique. Les jeunes ont besoin d’interactions sociales pour se développer ; et comme l’a rappelé la Société française de pédiatrie, « il y a beaucoup plus de bénéfices que de risques à la reprise de la collectivité ». « Le décrochage scolaire peut être plus stigmatisant à terme. L’absence peut être un facteur d’exclusion par rapport aux camarades de classe. Le maintien dans la fausse sécurité de l’école à la maison peut encourager à terme une phobie » souligne ainsi la Gregory Pariente Foundation.

Ce retour en collectivité apparait d’autant plus bénéfique qu’il est bien préparé. Le port du masque et l’ensemble des gestes barrières sont, bien entendu, indispensables, d’autant que cela prévient aussi la transmission des futurs virus hivernaux. « Le principal risque qui distingue les adolescents asthmatiques des autres est celui de faire une crise d’asthme grave. Mais, ce risque n’est pas lié à la pandémie Covid-19 » conclut la Fondation. « Un adolescent asthmatique peut et doit vivre normalement, à condition de suivre son traitement de fond ».

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Albert Dezetter

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