Hydroxychloroquine : les appels à la prudence se multiplient

27/03/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Les académies de médecine et de pharmacie se prononcent en défaveur de l’utilisation des traitements à base d’hydroxychloroquine contre le Covid-19, sans que ce traitement ait prouvé son efficacité. Et le CNGE recommande de ne pas prescrire ce traitement en ambulatoire.
 

Dans un communiqué daté du 27 mars, l’Académie nationale de Médecine se positionne ainsi contre la décision de l’Etat d’autoriser ce traitement pour les malades atteints de forme sévère. Elle considère que « la libération par les pouvoirs publics de l’hydroxychloroquine pour les malades hospitalisés en détresse respiratoire ne saurait être une réponse adaptée pour des patients dont la charge virale est, à ce stade, le plus souvent inexistante et dont la maladie n’est plus une virose stricto sensu mais une défaillance pulmonaire (syndrome de détresse respiratoire aigu) liée à l’inflammation induite par le Sars-CoV-2 ». Pour les 2 Académies, au vu des données actuelles de la science, l’hydroxychloroquine n’a pas prouvé son efficacité. « Des présomptions existent cependant, en particulier la négativation de la charge virale d’un certain nombre de patients ». Ces données justifient en revanche pleinement la mise en œuvre « urgente » d’essais cliniques afin de tester ce produit sur des critères cliniques, comme c’est le cas de l’essai européen Discovery qui dispose, selon les académiciens d’une bonne méthodologie, qui permettra de déterminer si l’hydroxychloroquine ou d’autres molécules antivirales ont une efficacité chez les patients Covid-19.

Les Académies nationales de médecine et de pharmacie s’inquiètent des conséquences directes et indirectes de cette utilisation de l’hydroxychloroquine, et en particulier du risque d’automédication par des personnes non atteintes, « à des fins souvent plus préventives que curatives » sans prescription ni surveillance...

médicale, avec un risque « de possibles effets indésirables particulièrement délétères chez les sujets âgés », ainsi que du risque d’intéractions médicamenteuses chez ces sujets polymédiqués, même lorsque le traitement est utilisé sur des durées courtes. Elles s’inquiètent en particulier « de l’utilisation possible, sinon probable de ce médicament sans contrôle électrocardiographique initial ni suivi, notamment en raison de la possibilité de cardiomyopathies ou d’induction de troubles du rythme cardiaque ». En outre, elles soulignent le risque de confusion possible dans la population entre chloroquine et hydroxychloroquine, de la vente d’hydroxychloroquine sur Internet, voire de la vente de médicament falsifié. Enfin, elles rappellent que la ruée vers ces traitements pourrait entrainer une difficulté à se procurer l’hydroxychloroquine pour les patients présentant une maladie auto-immune ou un rhumatisme inflammatoire « alors qu’elle est indispensable à la poursuite de leur traitement habituel ».   Méfiance aussi pour le CNGE Cette prudence est partagée par le Collège national des généralistes enseignants qui, dans un communiqué daté du 27 mars, souligne la faiblesse méthodologique de l’étude française, qui présente  «  niveau de preuve insuffisant inhérent à de nombreux et sérieux biais méthodologiques ». En particulier, le CNGE souligne l’absence de randomisation, de double insu et de placebo, la faiblesse de l’effectif,  les stades différents de la maladie, une comparabilité incertaine des 2 groupes à l’inclusion, le choix d’un critère de jugement principal biologique (charge virale), un prélèvement et une mesure de la charge virale non centralisés, une date d’analyse finale au sixième jour critiquable, une analyse statistique non ajustée, et un rationnel inconnu de l’association à l’azithromycine. Traitements antihypertenseurs et coronavirus : un mal ou un bien ? En conséquence, le conseil scientifique du CNGE recommande aux médecins généralistes « de ne pas prescrire ce médicament en ambulatoire ». Il souligne les risques inhérent à une telle prescription qui «  serait contraire à l’éthique médicale car le risque (connu) est potentiellement supérieur à l’efficacité (non établie) dans une population ambulatoire qui guérira spontanément dans plus de 80% des cas ». A l’heure actuelle, le CNGE considère que l’utilisation de l’hydroxychloroquine doit être réservée aux essais thérapeutiques ».

Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?

Stéphanie Beaujouan

Stéphanie Beaujouan

Non

Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus

7 débatteurs en ligne7 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
0
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
12
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6