L’obésité, maladie de tous les préjugés

09/03/2020 Par François Mallordy
Nutrition
A l’occasion de la journée mondiale contre l’obésité mercredi 4 mars, L’institut d’études Odoxa a publié un sondage auscultant le regard des Français sur l’obésité.

  Pensez-vous que l’obésité est une maladie reconnue en France ? Si oui, comme 64% des Français vous faites fausse route : reconnue comme maladie chronique par l’OMS, l’obésité n’est pas dans la liste des affections de longue durée dans l’hexagone. Ce chiffre, tiré d’un sondage Odoxa mené sur un échantillon représentatif de 1002 Français adultes, n’est qu’un exemple des idées fausses que les Français partagent largement sur les personnes obèses ou sur l’obésité. Cette maladie est définie par l’OMS comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse qui présente un risque pour la santé ». Un bon indicateur de l’obésité est un IMC supérieur ou égal à 30. Le sondage, réalisé pour la ligue contre l’obésité à l’occasion de la journée mondiale contre l’obésité du 4 mars, montre l’étendue de la désinformation sur cette maladie, responsable d’environ 180 000 morts en France par an.  

Tout d’abord, la méconnaissance de la maladie prime. Sa prévalence est sous-estimée de moitié par 70% des Français, qui pensent que 9% des Français sont obèses (contre 17% en réalité, soit 8 millions de personnes). Les causes de la maladie sont également très (trop) simples pour beaucoup : 62% des Français indiquent que l’obésité est avant tout liée à une mauvaise alimentation ou à un manque d’activité physique. Certes, la majorité de nos compatriotes désignent à raison les perturbateurs endocriniens, le manque de sommeil ou encore des causes génétiques comme propices à l’obésité. Mais ils semblent oublier que toutes ces causes s’imbriquent de manière indissociable pour expliquer la survenue de cette maladie multifactorielle. Aux causes alimentaires (trop d’apport calorique, de mauvaise qualité) et liés au mode de vie (sédentarité, manque de pratique sportive) s’ajoutent les facteurs génétiques, physiologiques (métabolisme lent) psychologiques (stress), environnementaux (pollution, manque de sommeil)… Réduire l’obésité à une question de choix de vie personnel fait abstraction de nombreuses de ces causes, et alimente les préjugés concernant les premières victimes de cette maladie : les personnes obèses.   Une stigmatisation des malades Ces dernières sont ainsi déconsidérées, parfois ouvertement, car jugées responsables de leur situation. Des actes de discrimination basée sur le surpoids, ou grossophobie, ont été reportés par 73,7% des personnes obèses. A titre de comparaison, en 2018, 33% des personnes non blanches ont déclaré avoir subi des attitudes racistes, et 23% des femmes des comportements sexistes. Pas de considération pour les malades : perdre du poids est d’abord une question de volonté pour 67% des Français. Pourtant, dans de nombreux cas d’obésité, la perte de poids s’avère impossible malgré la pratique d’un sport et une nourriture équilibrée, qui ne suffisent pas. Pire, 55% considèrent que les personnes obèses doivent être mises face à leur responsabilité, et 47% qu’elles ne prennent pas soin d’elles. Les hommes, les catégories sociales les plus aisées et diplômées ainsi que les moins de 35 ans ont plus de préjugés que la moyenne française. Dès lors, un cercle vicieux s’instaure. Les injonctions condescendantes à se plier aux attentes d’une société glorifiant la minceur sont contre-productives, et renforcent l’isolement des malades. Il n’existe pas de solution miracle. Mais passer d’une vision moralisatrice à médicale de l’obésité constitue déjà un premier pas.    

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

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