La part des isothiazolinones dans les allergies de contact diminue, ont rappelé les experts lors du 16ème congrès francophone d’allergologie (27-28 mai). Mais, d'autres allergènes comme ceux des huiles essentielles, des antiseptiques, les matières plastiques, les acrylates en milieu professionnel peuvent être impliqués. « Pas de révolution mais des évolutions en matière d’allergie de contact », a expliqué le Dr Jean-Luc Bourrain, dermato-allergologue au CHU de Montpellier. La première concerne l’existence d’allergies en rapport avec le port des masques chirurgicaux de protection en polypropylene contre le Covid-19. Effectivement, avec ces masques, quelques allergies de contact aux additifs du caoutchouc, à des haptènes comme les dérivés des isocyanates, les libérateurs du formaldéhyde ou le bronopol, un alcool utilisé comme antimicrobien, ont été décrites. « Mais, elles restent rares et il faudra toujours éliminer des diagnostics différentiels, en particulier la rosacée », a souligné le Dr Bourrain. De nombreuses molécules contenues dans les huiles essentielles, qui sont utilisées par un tiers de la population, sont une source d'allergie de contact pouvant passer inaperçue. Ces huiles sont employées sous forme d'applications cutanées, aéroportée (diffuseurs...), mais souvent sont incorporées dans des produits faits maison (déodorants, crèmes pour la peau, dentifrices, produits ménagers). Il faut donc bien interroger les patients pour reconnaître la responsabilité de ces huiles, a insisté le Dr Bourrain. « L'usage aéroporté peut être trompeur chez l'enfant et, lorsqu'il détermine des lésions périorbitaires, simuler une dermatite atopique ».
Avec la nouvelle législation limitant leur présence dans les cosmétiques, les isothiazolinones, qui sont utilisées comme conservateurs ou antimicrobiens, sont moins souvent responsables d'allergie de contact qu'il y a quelques années. Néanmoins, on les trouve encore dans de nombreuses substances et en milieu professionnel (produits de nettoyage), où la législation diffère. Il faudra se méfier des peintures à l'eau, dont l'arrivée a représenté un vrai progrès sur le plan du risque toxique et d'un point de vue pratique (lavage à l'eau, absence d'odeur), mais qui contiennent aussi des dérivés d'isothiazolinones. « Leur usage ne supprime pas le risque d'allergie de contact pour peintres ou particuliers. Il est important de bien aérer les pièces, de se protéger la peau pour éviter ces allergies », a recommandé le Dr Bourrain. « Une fois l'allergie présente, il faut savoir que les haptènes sont libérés pendant de nombreux mois. Cependant, il existe des peintures sans isothiazolinones. Elles pourront être employées pour recouvrir celles allergisantes contenant ces substances », a mentionné le Dr Bourrain. En milieu professionnel, il faudra aussi veiller à des allergènes, dont la part devient prépondérante : matières plastiques, produits chimiques exoxy, acrylates, « lesquels ne sont pas toujours faciles à mettre en évidence avec les batteries de tests allergologiques ». Enfin, l'administration fréquente en France d'antiseptiques (chlorhexidine et autres), sous forme de mélanges, est source d'allergies de contact. « Il conviendrait de respecter le bon usage de ces antiseptiques », a conseillé le Dr Bourrain.
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