Alors que s’est ouverte le 6 juillet, - et jusqu’au 10 juillet- , la 23e conférence mondiale Aids, organisée par l'International Aids Society (IAS), l’Onusida vient de publier son dernier rapport annuel, marqué par un constat d’échec dans plusieurs domaines de la lutte contre le VIH/Sida, et une inquiétude majeure : la crainte que l’épidémie de Covid-19 ne compromette les progrès réalisés dans la lutte contre l’infection par le HIV. Le rapport, intitulé « Agissons maintenant », fait ainsi état d’« avancées notables, mais marquées par de grands écarts » constate l’Onusida. « Nous devrons mener des actions efficaces chaque jour de la décennie à venir pour remettre le monde sur la voie des objectifs 2030 et mettre fin à l’épidémie du sida, déclare ainsi Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida. Des millions de vies ont été sauvées, en particulier des vies de femmes en Afrique. Les nombreuses avancées enregistrées doivent être partagées avec toutes les communautés du monde. La stigmatisation et la discrimination ainsi que les inégalités généralisées sont autant d’obstacles à surmonter pour mettre fin à l’épidémie de sida. Les pays doivent écouter les preuves apportées, prendre leurs responsabilités et défendre les droits humains. »
Les insuffisances concernent en particulier l’accès au traitement. Ainsi, seuls 14 pays ont atteint le triple objectif 90-90-90 qui correspondent à : 90% des personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut sérologique ; 90% des personnes se sachant séropositives suivant un traitement antirétroviral ; et 90% des personnes sous traitement antirétroviral présentant une charge virale indétectable. En 2019, ces proportions étaient globalement de 81%, 82% et 88%. En conséquence, 12,6 sur les 38 millions de personnes vivant avec le VIH n’avaient pas accès...
au traitement en 2019, soit un tiers des sujets, même si cette proportion est la plus faible jamais atteinte (dix fois moins qu'au milieu des années 2000). Et 690 000 personnes sont mortes de maladies opportunistes liées au sida l’an dernier, même si ce chiffre est toujours en baisse (770 000 décès en 2018). Nouvelles contaminations à la hausse Le rapport alerte aussi sur le « grand retard » accumulé ces dernières années dans la prévention de nouvelles infections au VIH. 1,7 million de personnes a contracté le virus, en baisse de 23% depuis 2010 ; mais cela représente encore « plus du triple de l’objectif mondial » souligne l’institution onusienne. Si des progrès ont été réalisés en Afrique orientale et australe, (recul de 38% es nouvelles infections depuis 2010), l’évolution est toute autre en Europe de l’Est et d’Asie centrale, où les nouvelles infections au VIH ont explosé de 72 % depuis 2010. Au Moyen-Orient, l’incidence a augmenté de 38%, comme en Afrique du Nord, et de 21 % en Amérique latine. Une des raisons de cette évolution est la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes séropositives. « Les populations marginalisées qui redoutent le jugement, la violence ou les arrestations rencontrent des difficultés à accéder aux services de santé sexuelle et de la reproduction, notamment en lien avec la contraception et la prévention du VIH », explique l’Onusida.
Les femmes et filles en Afrique subsaharienne sont particulièrement concernées. Elles représentaient 59 % des nouvelles infections dans la région en 2019. En moyenne 4 500 adolescentes et jeunes femmes entre 15 et 24 ans contractent le VIH chaque semaine, soit 24 % des nouvelles infections au VIH en 2019, alors qu’elles ne forment que 10 % de la population en Afrique subsaharienne. Pourtant « lorsque des services exhaustifs de lutte contre le VIH sont accessibles, le taux de transmission chute littéralement » souligne l’Onusida. C’est le cas, en particulier lorsque les programmes combinent...
prévention, soutien socio-économique, et couverture de traitement étendue. Covid et VIH: deux combats à mener de front Enfin, l’organisation s’inquiète de l’impact que pourrait avoir l’épidémie de Covid sur la lutte contre le VIH. « La pandémie de Covid-19 a lourdement perturbé la riposte au sida et pourrait continuer sur sa lancée. Une interruption totale de six mois du traitement contre le VIH entraînerait plus de 500 000 morts supplémentaires en Afrique subsaharienne l’année prochaine (2020-2021). Ce revers ramènerait le taux de mortalité lié au sida dans la région à celui de 2008. Une interruption, ne serait-ce que de 20 %, provoquerait 110 000 morts supplémentaires ». Pour de nombreux spécialistes, les deux combats doivent être menés de front : « mettre fin à la pandémie de Covid-19 dès 2020 et à celle de VIH comme enjeux de santé public à l’horizon 2030 ne constituent pas deux combats, mais un seul et même combat : le combat pour mettre fin aux inégalités et œuvrer pour le plein respect des droits humains de toutes et de tous. » affirme ainsi Jeanne Gapiya, Présidente de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida au Burundi. L’Onusida s’est déjà engagé, à travers une campagne mondiale, en faveur d’un vaccin universel contre le Covid-19, exigeant que les vaccins – de même que les traitements et les tests- soient « libres de brevet, produits en masse et distribués gratuitement et équitablement à l’ensemble de la population ». Enfin, les conséquences sont aussi financières. Avec un impact, en particulier le cout des traitements. « On estime que le coût final des traitements antirétroviraux produits en Inde pourrait être de 10% à 25% plus élevé que leur prix normal », précise le rapport. « Comme l'épidémie de VIH avant elle, la pandémie de Covid-19 met en évidence les fragilités de notre monde, parmi lesquelles des inégalités économiques et sociales persistantes et des investissements de santé publique tristement inadaptés », écrit dans l'introduction le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
En outre, les investissements contre le VIH ont, en effet chuté de 7 % entre 2017 et 2019. Il manquerait donc 30 % au budget de 26,2 milliards de dollars US « nécessaire à une riposte efficace au VIH pour 2020 ». « Nous ne laisserons pas les pays pauvres passer en dernier. La protection contre ces virus mortels ne doit pas dépendre de votre compte en banque ni de la couleur de votre peau », insiste Mme Byanyima. « Nous ne pouvons pas puiser dans les financements d’une maladie pour en soigner une autre. Le VIH et la Covid-19 doivent bénéficier de financements exhaustifs pour éviter la perte massive de vies humaines. »
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