Une maire installe un hôpital de campagne tenu par des Padhue : l'Ordre des médecins juge le projet "illégal"
Après avoir pris un arrêté interdisant aux habitants de tomber malade, la maire de Decize (Nièvre) a annoncé la mise en place d'un hôpital de campagne durant une journée en novembre. Mais ce projet, auquel doivent essentiellement participer des Padhue, est dénoncé par le président du conseil départemental de l'Ordre des médecins, qui le juge "illégal".
En octobre, la maire de la commune de Decize dans la Nièvre prenait un arrêté interdisant à ses administrés de tomber malade. Une décision "symbolique" pour l'édile, Justine Guyot, qui alertait alors sur les fermetures répétées des urgences du centre hospitalier de la ville et, plus largement, sur les difficultés d'accès aux soins de ses 5 000 concitoyens.
Sans amélioration de la situation dans sa commune, l'édile a annoncé en début de semaine la mise en place d'un hôpital de campagne éphémère le 19 novembre dans la salle des fêtes de sa commune. Une vingtaine de Padhue* y sont attendus pour réaliser des consultations gratuites. "Ils vont venir avec des médecins titulaires qui vont permettre des prescriptions d'ordonnance", précisait Justine Guyot au Journal du Centre, listant les spécialités qui doivent être représentées : médecine générale, pédiatrie, psychiatrie, cardiologie, oncologie…
"Un Padhue n'a pas le droit d'exercer en ville"
Mais cette annonce n'a pas manqué de faire réagir le président du conseil départemental de l'Ordre des médecins de la Nièvre, le Dr Thierry Lemoine. "Je n'ai pas été consulté", tonne-t-il auprès de nos confrères. Le praticien rejette ce projet. "Tout ça est illégal. Un Padhue n'a pas le droit d'exercer en ville. S'ils sont doublés par un médecin, le médecin est supposé faire une demande de lieux multiples d'exercice auprès du conseil de l'Ordre des médecins pour des problèmes assurantiels", détaille-t-il.
S'interrogant sur le suivi des dossiers médicaux des patients et des données de santé, le président du conseil départemental de l'Ordre insiste : "Mon objectif, c'est que les patients se fassent soigner en toute sécurité et que les médecins qui interviendraient dans ce dispositif soient aussi en sécurité."
La maire de Decize assure, de son côté, ne pas vouloir mettre en danger ses administrés ; elle cherche avant tout à "interpeller". Si le conseil départemental de l'Ordre s'oppose pour l'heure à la tenue de cet hôpital de campagne, Justine Guyot réfléchit à le faire évoluer. "On verra de quelle façon on adapte le dispositif", soutient-elle.
*Praticien diplômé hors Union européenne (Padhue)
[avec Le Journal du Centre]
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