Coqueluche : une épidémie sans précédent depuis 25 ans
L’épidémie de coqueluche qui sévit en France depuis le début de l’année – comme dans de nombreux pays voisins - s’est encore intensifiée ces derniers mois, affirme Santé publique France (SpF) dans son dernier point épidémiologique, basé sur les données au 16 septembre.
Selon l’Institut Pasteur, cette épidémie atteint un niveau sans précédent dans l'Hexagone depuis "au moins 25 ans". L’épidémie s’est accrue en ville, en particulier depuis avril, avec une stabilisation en juillet et août, selon le réseau Sentinelles, qui comptabilisait 134 639 cas confirmés pour 2024.
L’activité est aussi très importante à l’hôpital, avec une augmentation au cours des 31 premières semaines de l’année. A partir de fin juillet, une tendance à la baisse puis à la stabilité est constatée pour les passages aux urgences et les hospitalisations. Mais ils restent à des niveaux "très élevés", juge SpF. En particulier, le réseau Renacoq rapporte, sur 2024, 277 hospitalisations pour des nourrissons de moins de 12 mois dont la majorité (79%) de moins de 6 mois.
En outre, 35 décès ont été recensés depuis le début 2024, dont 22 enfants (20 âgés de moins de 1 an) et 13 adultes âgés de 51 à 95 ans, "mais dont la coqueluche n’était pas indiquée comme première cause de décès", précise SPF.
S'il est vrai qu'en France, la vaccination a largement permis de faire diminuer le nombre de cas, la coqueluche continue néanmoins de circuler de façon cyclique, avec observation de pics épidémiques tous les trois à cinq ans entre 1997 et 2019", a rappelé l'Institut Pasteur cette semaine. "Alors que l'on pouvait s'attendre à un pic épidémique en 2022 ou 2023, celui-ci s'est fait attendre", a-t-il poursuivi. Cette fois, nous y voilà et avec une ampleur particulière.
Plusieurs hypothèses
Pourquoi un tel rebond ? Plusieurs hypothèses sont avancées, dont l'une est la conséquence de la crise du Covid en 2020-2021, comme pour d'autres résurgences épidémiques, comme la rougeole. Les multiples restrictions sanitaires instaurées à l'époque, notamment les confinements, ont limité l'exposition des uns et des autres à de multiples pathogènes. "Il est possible que [...] l'on ait moins stimulé l'immunité globale de la population, ce qui se fait souvent par des infections asymptomatiques", selon les auteurs d'une étude impliquant l'Institut Pasteur et Santé publique France.
Mais ce travail, publié en août dans la revue Eurosurveillance, formule une autre hypothèse, à partir de l'examen d'échantillons prélevés sur une soixantaine de malades de la coqueluche depuis le début de l'année. Chez ces patients, la bactérie Bordetella pertussis, à l'origine de la maladie, avait un profil bien particulier. Dans la plupart des cas, elle contenait deux protéines généralement absentes avant la période Covid : la pertactine et l'adhésine FIM2. Or ces deux protéines "jouent un rôle essentiel dans l'adhésion de la bactérie aux cellules" permettant la respiration "et dans la modulation de la réponse de l'hôte", a noté l'institut. "Leur prédominance actuelle, à l'encontre de ce qui était observé avant la 'période Covid', pourrait également expliquer la très forte circulation actuelle de la coqueluche", selon ces chercheurs.
En revanche, une autre hypothèse semble moins privilégiée : celle d'un recul de la vaccination, sur fond d'un moindre accès au système de santé pendant les périodes de confinement. "Il n'y a rien qui prouve que la vaccination contre (la coqueluche) ait reculé en France, même si on a observé des retards pendant les premiers temps de la pandémie", a relevé l'étude d'Eurosurveillance.
Références :
Santé publique France (18 septembre). Avec AFP
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