Egora-Le Panorama du médecin : Quelles sont les données importantes présentées lors de ce congrès ? Pr Alain Saraux : Plusieurs sessions ont permis de faire un point sur le sujet brûlant des anti-JAK dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (PR) et des spondyloarthrites (SpA). Depuis les signaux de sécurité émis l’an dernier, on s’interroge sur leur place dans la stratégie. Ces molécules ont des avantages importants par rapport aux autres thérapies ciblées. Il va donc falloir bien évaluer la balance bénéfice-risque pour chaque patient avant de les prescrire. D’autres thérapies ciblées ont aussi fait l’actualité, comme le tocilizumab dans la pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR). Il y a eu peu de progrès récents dans cette maladie. Pourtant, 2% des femmes et 1% des hommes seront touchés au cours de leur vie et les cas de rechute ou de corticodépendance sont nombreux. L’étude multicentrique française Semaphore a montré l’intérêt de l’inhibiteur de l’IL6 dans la PPR active et corticodépendante, avec une réduction significative du taux de poussées versus placebo et même l’arrêt des corticoïdes pour près d’un patient sur 2, soit plus du double de ceux sous placebo. Enfin, une autre étude française importante, l’étude Colchicort, a été menée dans les poussées très douloureuses d’arthrite à pyrophosphate de calcium, dont le traitement est habituellement calqué par extrapolation sur celui des crises de goutte. Colchicort est la première à comparer colchicine et corticoïdes, et à montrer que si les deux options sont équivalentes en termes d’efficacité dans les 48 heures, la prednisone est mieux tolérée, la colchicine exposant à un risque supérieur de diarrhées, ce qui peut poser des difficultés dans la population cible qui est âgée. Sur le plan de la prévention et du dépistage, quels progrès peut-on attendre ? La gestion du sur-risque de multimorbidité associé à la PR doit être améliorée. Certaines équipes hospitalières organisent des journées de dépistage systématique auprès de leurs patients atteints de rhumatismes inflammatoires chroniques pour dresser des bilans complets à la fois osseux, cardiovasculaire, infectieux, pulmonaire… et proposer des mesures adaptées. Le CHU Montpellier nous a présenté son programme de dépistage, qui confirme que ceux qui en ont bénéficié ont plus de probabilité de recevoir des prescriptions appropriées à leurs risques notamment des vaccins, des hypolipémiants ou des anti-ostéoporotiques, et qu’ils ont un risque significativement moindre d’hospitalisation que les autres. Les médecins libéraux doivent s’en inspirer, et les adresser aux spécialistes ou au centre hospitalier lorsque le profil clinique de leurs patients est complexe. L’autre sujet qui reste d’actualité est l’ostéoporose : il faut continuer à rappeler l’importance de son dépistage et de sa prise en charge encore insuffisants. Le développement de logiciels qui permettent de repérer les personnes à risque d’ostéoporose ou ayant des fractures vertébrales à partir de l’analyse automatique des scanners abdominaux ou thoraciques réalisés pour d’autres motifs, offre des perspectives intéressantes en termes du dépistage opportuniste. Quant à la prise en charge, un effort de pédagogie est nécessaire autour des bisphosphonates qui, lorsqu’ils sont indiqués, réduisent par deux le risque de fracture : le risque d’ostéonécrose de la mâchoire qui leur est associé concerne surtout les patients d’oncologie, rappelons qu’il est exceptionnel dans l’ostéoporose. Les autres articles du dossier :
- TMS : de nouvelles données concernant leur ampleur et la place des thérapies non médicamenteuses
- Rhumatismes inflammatoires chroniques : la place des innovations thérapeutiques précisée
- Pathologies de l’épaule : Les nouveaux traitements en cours d’évaluation
*Le Pr Alain Saraux déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles pour les entreprises Abbvie, Biogen, Bristol Myers Squibb, Fresenius, Galapagos, GSK, Lilly, Merck Sharp, Nordic, Novartis, Pfizer, Roche-Chugai,et UCB
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