Martine Wonner pousse un canton suisse à réviser sa loi sur les autorisations de pratique
Son arrivée a fait beaucoup de bruit. Suspendue pendant un an le 25 novembre dernier par l’Ordre des médecins, la Dre Martine Wonner a récemment plié bagages pour s’installer en Suisse. La psychiatre alsacienne a été embauchée par la clinique Le Noirmont, dans le canton du Jura, en tant que médecin adjointe. Embauche qui a provoqué un tollé sur le réseau social X (anciennement Twitter). "Ce n’est pas normal. Notre pays mérite mieux que d’être le refuge de médecins suspendus", réagissait ainsi un pharmacien suisse.
La direction de la clinique avait été forcée de réagir. Au média Blick, elle indiquait que la Dre Wonner "n’a pas de responsabilité médicale au sein de la clinique, puisqu’elle n’est pas médecin-cheffe et qu’elle n’a pas demandé le droit de pratique afin de pouvoir gérer une patientèle ambulatoire. Aussi, ses diplômes sont reconnus en Suisse et nous n’avons jamais rencontré d’opposition à leur reconnaissance." Le média rappelait en outre que la psychiatre avait fait appel de la décision de l’Ordre des médecins, ce qui a donc un effet suspensif.
La direction s’était en revanche désolidarisée des propos tenus par la psychiatre durant l’épidémie de Covid. Également députée LREM – elle a été exclue du groupe en 2020, la Dre Wonner avait notamment fait la promotion d'"informations erronées" et diffusé des "protocoles de soins" "sans fondement scientifique", en particulier l'ivermectine ou l'hydroxychloroquine. Elle s’était par ailleurs officiellement opposée au pass sanitaire ou au vaccin anti-Covid. Elle a ainsi imputé aux vaccins de supposées "conséquences délétères" sur la santé : "fausses couches", "cancers multiples", "maladie de Creutzfeld-Jacob" ou encore "sida".
"Nous avons compris la volonté de la Dre Wonner de vouloir tourner la page et son engagement à bannir ce type de propos au sein de notre clinique et de manière générale", indiquait la clinique début septembre. Pour le directeur de la structure, sa suspension en France "pour ses opinions politiques et non pour ses compétences médicales" ne devait pas se répercuter sur "sa vie de médecin en Suisse". La Dre Wonner ayant été placée sous la responsabilité d’un médecin-chef, le canton n’a pas eu son mot à dire sur son embauche.
Interpellé sur les réseaux sociaux, le Gouvernement jurassien avait toutefois fait part de son intention de "revoir la totalité de notre législation en matière de santé". Dans un article publié le 7 novembre, le Quotidien jurassien confirme qu’une révision de la loi est dans les tuyaux. Le Gouvernement souhaite que les détenteurs d’un titre de la FMH (Foederatio Medicorum Helveticorum, l'association professionnelle des médecins en Suisse) demandent une autorisation de pratique au canton afin d’exercer leur profession, qu’ils aient ou non un poste à responsabilités.
[avec Le Quotidien jurassien et 20 minutes]
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