Les soignants doivent recevoir une "reconnaissance financière équitable", sortir de "la morale du volontariat" et être mieux représentés dans la gouvernance des hôpitaux : telles sont les premières conclusions d’un rapport sénatorial dévoilé ce jeudi, qui appelle à un véritable “électrochoc” de l’hôpital public.
La commission d'enquête du Sénat réclame, en effet, la poursuite des efforts du Ségur de la Santé annoncés en 2020, notamment en matière de rémunérations. Des concertations "trop tardives" et des "extensions sans réflexion d'ensemble" ont fait que chez les "oubliés du Ségur", "l'amertume" ne "tarit pas", regrettent les sénateurs. Et c'est encore plus vrai après une pandémie de Covid-19 dépeinte dans le rapport comme révélatrice de "crises latentes" dans les établissements de soins. Cette commission d'enquête, présidée par Bernard Jomier (PS), pointe notamment "la morale du dévouement" quasi systématique du personnel, qui "ne peut être à toute épreuve" dans le fonctionnement des hôpitaux.
Pour marquer un véritable tournant, les sénateurs proposent donc de revoir les indemnités compensatrices du travail de nuit et des week-ends, et de mettre sur pied un "mécanisme d'alerte" pour renforcer les effectifs lorsque le ratio "soignant par patient" est bas. Selon eux, une telle gestion des effectifs ne serait possible que grâce à une "décentralisation" des prises de décisions, à un équilibre entre personnel administratif et médical dans le pilotage de l'établissement et à une "dynamique des tarifs hospitaliers cohérente avec l'évolution des coûts".
Certaines recommandations de la commission d'enquête font par ailleurs écho à des propositions de candidats à la présidentielle en matière de santé, comme la quatrième année d'internat en médecine générale dans un désert. Apparaît aussi dans ce rapport la révision de la tarification à l'activité (T2A) à l'hôpital qui est, elle, proposée par plusieurs candidats de gauche dont Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo mais aussi par Marine Le Pen.
[avec AFP]
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