Permanence des soins ambulatoires : les jeunes médecins se font tirer l'oreille

25/03/2019 Par Yvan Pandelé
Le Cnom a publié les résultats de son enquête annuelle sur la permanence des soins ambulatoires. La situation actuelle est jugée plutôt satisfaisantes par les praticiens sur le terrain, mais l'avenir s'annonce plus compliqué, au regard des problèmes démographiques et de l'implication moins marquée des jeunes médecins.

Ils tombent chaque année peu après la Chandeleur. Les résultats de l'enquête annuelle de l'Ordre sur la permanence des soins ambulatoires (PDSA) en 2018 sont disponibles.* Premier constat : le nombre de médecins impliqués dans la PDSA diminue. C'est en tout cas le sentiment de plus de la moitié (56 %) des répondants, qui estiment que leur secteur se dégarnit. "Selon les données fournies par les CDOM, le taux de participation des médecins généralistes en 2018 variait fortement d’un département à l’autre, allant de moins de 10% pour certains à 100% pour d’autres", explique le Cnom dans un communiqué. La tendance est variable sur les territoires. Un département sur cinq – dont la Corrèze, l'Indre et le Jura – a connu une hausse du taux de participation entre 2017 et 2018. Mais pour un tiers d'entre eux, la tendance est au contraire à la baisse. Les principales raisons mises en avant au niveau des conseils départementaux sont le manque de médecins et les difficultés d'organisation, liées notamment à l'expansion de la taille des secteurs de garde. Certains secteurs de garde sont particulièrement menacés par une démographie fragile : 36 % d'entre eux sont aujourd'hui couverts par moins de dix médecins volontaires, et 18 % par moins de cinq médecins.   Des jeunes médecins moins impliqués Autre constat : le changement de génération se fait sentir. Le sens du devoir représente en général la première raison de participer aux gardes (43 % l'évoquent en premier), devant la solidarité avec les confrères du secteur (26 %) et les honoraires (19 %). Mais les jeunes semblent moins acquis à ces principes. Les praticiens de moins de 40 ans placent ainsi la motivation financière pratiquement au même niveau que le devoir et la solidarité. Il faut dire que seulement un jeune médecin sur deux (53 %) déclare avoir entendu parler de la permanence des soins pendant ses études ! Quant au principal frein à la participation évoqué par les médecins ne participant pas aux gardes, c'est avant tout l'emploi du temps surchargé (cité en premier par 44 % des répondants), suivi de la fatigue (19 %) et la difficulté à concilier les gardes avec sa vie de famille (20 %). Cette dernière raison est nettement plus fréquente chez les jeunes (84 % la placent en premier), les remplaçants et les femmes.   Les gardes fonctionnent plutôt bien… pour l'instant Reste que le déroulé des gardes semble plutôt satisfaisant pour qui joue le jeu. Les deux-tiers (68 %) des médecins qui participent à la PDSA estiment ainsi que les gardes fonctionnent bien sur leur secteur. Ils sont la même proportion à estimer que les conditions d'exercice sont bonnes. "Globalement ça fonctionne aujourd'hui, c'est l'avenir qui nous inquiète", résume un président de CDOM, interrogé dans le cadre du volet qualitatif de l'enquête. Les médecins interrogés font aussi état d'une préférence marquée pour les gardes postées (75 % d'entre eux). "On essaie le samedi matin de faire autant que possible au cabinet. Le mobile nous prend énormément de temps, donc on le réserve essentiellement aux créneaux 8h–9h, 13h–14h30 et le soir ", commente un praticien de zone rurale en Nouvelle-Aquitaine. La maison médicale de garde (MMG) est à ce titre plébiscitée : les deux-tiers des médecins estiment qu'elle facilité l'organisation et l'exercice médicale, et réclament qu'en soit créées davantage. "Le relationnel avec le médecin de garde devient différent, on ne dérange plus quelqu’un chez lui, on l’envoie dans une structure qui a une secrétaire et pour le patient c’est beaucoup plus facile", indique un président de CDOM.   Des urgences débordées et des patients agacés La création de MMG fait consensus à proximité des urgences (74 % en faveur), lesquelles restent un point noir en matière de coordination. Seulement un tiers des répondants estiment que la gestion du flux de patient entre l'hôpital et la ville fonctionne bien. "Une PDS efficace, ça serait un médecin généraliste dans un bureau près des urgences, avec un vrai tri auprès des urgences qui renvoient tout ce qui relève de la MG aux MG", estime un médecin du Grand-Est, effecteur en zone rurale défavorisée. Deux autres bémols ressortent de l'enquête. La difficulté à trouver un remplaçant en cas de congé ou d'absence (56 % des médecins installés) et la relation aux patients durant les plages de garde : les deux-tiers (68 %) des médecins assurant des gardes – et 80 % des régulateurs – se plaignent de patients jugés trop exigeants et… impatients. Beaucoup estiment d'ailleurs que ces derniers devraient être mieux informés sur le fonctionnement des gardes (75 %), et bénéficier d'un système de transport dédié vers les points fixes de permanence des soins (65 %).     * Enquête Elabe pour l'Ordre des médecins, auprès de 4973 médecins généralistes ayant répondu par questionnaire sur une plateforme en ligne dédiée, du 31 janvier au 28 février 2019.

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