Hiérarchie
Dix ans. Soit l’âge des 18 agences régionales de santé (ARS) qui ont la délicate tâche de « contribuer à réduire les inégalités territoriales de santé », « organiser les parcours de soins », « assurer un meilleur accès aux soins » et « une meilleure efficacité des dépenses de santé ». Une feuille de route ambitieuse pour ces structures, propulsées sur le devant de la scène depuis la crise sanitaire : en première ligne dans la gestion de l’épidémie, la mise en œuvre de la politique de santé nationale à l’échelon régional, l’accompagnement des acteurs de terrain pour une réponse adaptée au contexte local… Du moins, en théorie. Une « absence notable de l’ARS dans l’information aux professionnels », une information « en retard sur l’actualité », une communication « trop hospitalocentrée »… La consultation lancée par la commission des Affaires sociales du Sénat auprès de 3 785 professionnels (dont 25 % de médecins) souligne les difficultés rencontrées. « Nous n’avons pas été protégés ni reconnus », déplore une généraliste (voir p. 12). Les ARS ont-elles manqué à leurs devoirs ?
Auraient-elles dû s’impliquer davantage dans la réorganisation de l’offre de soins, notamment entre les hôpitaux surchargés et les cabinets de ville restés vides ? « Boulets bureaucratiques », « manque de réactivité », « grosses guerres d’ego », elles sont aujourd’hui bombardées de critiques… alors que la Cnam est, elle, saluée pour son implication depuis le début de l’épisode épidémique. Pour autant, si la crise a mis en lumière les forces et faiblesses des ARS, elle a aussi révélé la complexité de ces administrations, contraintes à jongler entre leur feuille de route initiale et les évolutions de leurs missions imposées par les réformes successives. L’État dicte et l’ARS applique. Dès lors, est-elle responsable au nom de la chaîne décisionnelle ou un bouc émissaire désigné ? La question se posera à l’heure des comptes. Car elles sont peut-être, elles aussi, des soldats sans fusil.
La sélection de la rédaction